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samedi 16 mai 2020

Black Mama guide : tools for all mamas

Un article très court en anglais pour présenter ce très chouette guide à l'intention particulières des mères noires, truffés d'outils qui serviront à toutes.

A clear and powerful guide on motherhood specially designed for Black mamas, with simple and efficient tools of self-care and empowerment that everyone can benefits from, and with a strong emphasis on pleasure. 
I love it  

See few pages here after and get to read the full guide here :





vendredi 19 juillet 2019

Allaiter et...

Je suis plongée dans la rédaction de 3 articles pour le prochain Hors-Série de Grandir Autrement sur l'allaitement, et plus précisément: 
- se soigner quand on allaite, 
-l'alimentation de la femme allaitante
- et sexualité et allaitement.

Sur la sexualité après la naissance et pendant l'allaitement, voici 2 vidéos de Manon, doula féministe, qui réalise un bel exercise de déconstruction des idées reçues à la portée de tous. Merci Manon d'avoir partagé ces petites pépites.

Si vous avez envie vous aussi de partager des pistes, sources, expériences, n'hésitez pas.

NB : pas besoin d'avoir un compte Instagram pour les regarder.



mardi 2 avril 2019

Couple et genre... sexisme et construction sociale

Après la slow-life, je me penche pour Grandir Autrement sur les questions de genre dans le couple. 

Je commence mes recherches et partage avec vous :

Cette vidéo vraiment à regarder et partager sur l'effet des blagues sexistes sur le comportement futur de nos enfants : comment nos filles se limitent et ont peu confiance en leur capacités intellectuelles et comment nos fils perpétuent la domination masculine.

"On peut se demander comment une simple blague peut être mortelle. Pourtant c’est ce qui se passe tous les jours à travers le monde. Anne-Cécile Mailfert nous explique l’effet papillon que déclenchent ces blagues et les effets qu’elles ont sur les gens dès le plus jeune âge."





Domination masculine ou "valence différentielle des sexes", terme crée par Françoise Héritier.

 "...ce qui fait échouer la transposition de la lutte des classes vers la lutte des sexes, c’est une dimension unique du rapport de genre : la reproduction.
Pour Françoise Héritier, la construction hiérarchique qui place le féminin sous le masculin procède de la nécessité pour les hommes de prendre le contrôle de ce qu’il leur est impossible sans passer par le corps d’une femme : se reproduire. « Parce que les hommes n’enfantent pas directement avec leur propre corps, alors que les femmes enfantent des filles et des garçons, ils ont fait en sorte que les corps féminins soient à leur disposition. » (...)

La domination masculine est ensuite l’expression de tous les moyens et de toutes les formes de cette mise à disposition : limitation des libertés des femmes, insécurisation dans l’espace public, écarts de traitement, résistance à l’autonomisation (financière, et pas seulement) des femmes, sexisme et essentialisation systémique etc.

(...) *C’est bien un frein socio-culturel à « l’être soi » authentique que cette valence différentielle des sexes actionne, obligeant les hommes à être “des hommes, des vrais”, selon les codes traditionnels de la masculinité et condamnant les femmes à être moins que des hommes si elles s’inscrivent dans les codes traditionnels de la féminité sans pour autant gagner en reconnaissance si elles empruntent les codes de la masculinité.* 

Ceci amène à deux types d’action nécessaires :

1/ axer la lutte contre les stéréotypes non tant sur leur élimination (car c’est assez illusoire) que sur la neutralisation de leurs effets valorisants/dévalorisants.
2/ reporter l’appréhension de la valeur des individus (traditionnellement évaluée par des critères objectivés et/ou inconscients de confirmation aux attentes) sur la valorisation de leur authenticité et de leur potentiel à developper une diversité intérieure (c’est à dire une agilité à jouer de tous les codes et sur tous les registres en fonction des contextes). 
Cela implique bien sûr de la part des organisations de vraies politiques d’inclusion autorisant chacun.e à être soi-même pour donner le meilleur de son potentiel au collectif."

Source : Programme EVE pour le leardership féminin créé par des femmes travaillant dans de grosses multinationales loin d'être éthiques... Leur site regroupe pas mal d'infos et peut-être qu'elles les moyens pour faire bouger les choses.




- une vidéo de Carlos Tinoco, professeur très enthousiaste qui transmet son message avec une clarté et une passion stimulante (attention, il faut toutefois dépasser les 5 premières minutes de discours un peu flou...)



Rq : Je découvre que Carlos Tinoco est le co-auteur d'un livre sur la douance (Les surdoués et les autres, - Penser l'écart, chez Lattès, ) et de nombreuses vidéos au traitre évocateurs sur les perspectives anthropologiques, philosophiques et politiques de la douance (voir sa chaine Youtube). J'ai bien envie de regarder Douance, dilletentisme et papillonnage :) 




J'en profite pour rappeler que Grandir Autrement a vraiment besoin de vos abonnements... 
Le site internet est désormais plus performant et il est plus facile de s'abonner ou d'abonner quelqu'un :) 

Merci !

mardi 12 février 2019

Pourquoi les hommes partent ? Maternage proximal et mal-être paternel

Magnifique portrait réalisé par le photographe Johan Bävman pour sa série Swedish dads

Je viens de lire un article bouleversant du docteur Jonh W. Travis : Why men leave ? qui raconte le vécu intime d'un homme, médecin, qui devient père deux fois. Malgré des niveaux de conscience bien différents à l'arrivée de ses enfants, la paternité le met tour à tour face à ses blessures d'enfant d'une manière insupportable... Son expérience relatée sans fard est très représentative de ce que nos enfants peuvent déclencher en nous: nos blessures les plus enfouies, celles qu'on ne veut surtout plus revivre, ni même observer de loin... 

J'aime lire la parole libérée de cet homme, sentir le chemin qu'il a parcouru, cueillir l'espoir qu'il offre au fil du récit. Un homme sensible, en paix avec ses polarités masculines et féminines. 

En tant que femme et mère, je me retrouve aussi très bien dans son récit (son vécut fait écho au mien à certains égards). Si son expérience d'homme résonnera et s'appliquera peut-être tout particulièrement aux hommes, elle est  à mon sens tout aussi juste pour les mères... En particulier pour celles qui n'ont pas la possibilités de guérir leur blessures car elles doivent assumer seules et/ou pour celles qui bien intégré le modèle dominant patriarchal qui valorise le faire sur le sentir et l'être.

Je vous propose cette traduction-maison en français avec un surlignage des passages les plus éclairants pour moi (même si tout mérite d'être surligné !)


Pourquoi partent les hommes ?

Dr John W. Travis
Publié en novembre 2006 sur Kindred (en anglais).

Les hommes quittent leurs familles de plein de façons différentes. Même s'ils demeurent au sein de leur foyer, beaucoup de pères sont souvent absents émotionnellement – à travers la dépression, la boulimie de travail, la violence ou l’abus (physique ou émotionnel), ou un refuge dans l’addiction aux substances, les médias, les produits de consommation, les sports, la nourriture ou le sexe.

La plupart des hommes aujourd’hui dans les pays dits développés n’ont jamais connus  d’attachement (ou ont connu un attachement très faible) avec leurs mères. La majorité des gens ne se rendent même pas compte à quel point les gens modernes sont déconnectés les uns des autres comparativement aux cultures dans lesquelles l’attachement est intact. Oui, il est vrai que nous parlons d’aliénation et que nous remarquons à quel point les gens de culture méditerranéenne sont tactiles, mais nous ne faisons pas le lien entre ce phénomène et la façon dont nos liens entre nous, avec la nature, et avec le sacré ont été déchirés. Je soutiens que cette épidémie discrète et silencieuse est la source de la plupart des maladies sociétales. Le départ des pères qui abandonnent leurs familles n’est que la pointe de l’iceberg.

La plupart des hommes ont été nourris au biberon et ont été soumis à d’autres schémas culturels abusifs en tant que bébés, comme dormir seuls ou être laissés à pleurer alors qu’ils ont besoin d’être réconfortés. Biologiquement, le mâle est le genre le plus fragile de notre espèce et il est en retard de plusieurs années en termes de développement par rapport aux femmes, et ce jusqu’à l’âge adulte. Et au lieu d’obtenir le complément de soin dont il a besoin pour compenser sa faiblesse, vers l’âge de 5 ans, les mâles dans presque toutes les cultures en reçoivent bien moins que les femmes. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la plupart des garçons n’ayant pas connus l’attachement deviennent des hommes qui passent le plus clair de leur temps à chercher une figure maternelle qui leur fournira le soin dont ils ont été privés en tant que bébés et enfants (recherche alimentée par la publicité qui met en avant les seins qui leur ont été refusés). Une partie du mécanisme de survie consiste à apprendre à refouler leurs sentiments et à projeter les besoins non satisfaits sur des substituts, les femmes, d’autres éléments externes comme le consumérisme, la boulimie de travail et d’autres addictions.

Nous, les hommes sans attachement, pouvons nous en sortir dans nos mariages pendant un temps, mais lorsque notre “maman” donne naissance et soudainement détourne son attention sur son nouveau-né, nous perdons souvent une grande part du réconfort que nous avions de notre partenaire. C’est quasiment inévitable étant donné la demande qui repose sur les parents piégés dans ce que j’appelle l’expérience du « désastre de la famille nucléaire » (Nuclear Family Disaster) que notre culture traverse. Les mères, tout particulièrement, ne peuvent pas voir leur besoin de réconfort satisfait, à moins qu’elles ne fassent partie de cette minorité qui vit en tribu, dans des communautés très soudées ou des familles étendues.

Les cultures d’Europe du nord, au nom de la civilisation et du progrès, ont graduellement détruits la tribu/village/famille étendue/communauté et l’ont remplacé par le désastre de la famille nucléaire. Ce qui s’est ensuite transformé en « piège du parent célibataire » (Single Parent Trap). Ces phénomènes se sont propagés rapidement à travers le monde alors que les européens du nord ont exporté leur expérience d’isolation sur chaque continent sauf l’Antarctique, tout d’abord via les missionnaires et les conquêtes, et aujourd’hui à travers les médias et les multinationales. Les conséquences sont incommensurables, menant à la pression accablante de l’isolation, en particulier pour les femmes qui finissent souvent par avoir à assumer la responsabilité totale de leurs enfants.

Dans le même temps, le fait d’être soudainement exposé à un bébé qui n’a pas encore été totalement « dressé » à renier ses propres besoins – comme téter au sein, être porté avec amour, être constamment en présence d’un adulte réfèrent, etc – et qui exprime ses besoins de façon vocale, va habituellement remuer nos souvenirs réprimés de nos besoins niés en tant que bébés, nous plongeant dans une douleur profonde – consciente ou inconsciente.

Face à ce niveau élevé de douleur, nous mettons en avant nos moyens de défense contre nos sentiments – que ce soit via la médication, l’adultère, la rage, la dépression, l’addiction ou la violence (physique ou émotionnelle). C’est la première étape par laquelle les hommes fuient. Si le mécanisme de défense fait défaut, parce que le besoin réel n’est pas satisfait, beaucoup d’entre nous pensons que la seule chose qu’on peut faire est de se détacher du stimulus et quitter notre maison.

Les filles aussi, dans notre culture, reçoivent bien moins de réconfort que ce dont elles ont besoin et souffrent également d’un échec d’attachement. Néanmoins, elles ont l’occasion de recréer l’expérience d’un lien sûr par leur capacité unique à avoir un lien biologique avec le fœtus pendant la grossesse (et les hormones correspondantes). Si elles sont capables de conserver ce lien en résistant à la norme culturelle et en élevant un enfant avec un attachement fort, elles peuvent alors guérir d’une grande partie de leur non-attachement. Être le témoin de ce phénomène peut provoquer simultanément chez le père une résurgence de ses propres blessures primales, ce qui déclenche ses défenses, et vient augmenter la probabilité de son départ. 

Etant donné que la dépression était mon mécanisme de défense de choix, je comprends ce mécanisme particulier mieux que d’autres, mais je pense que ma théorie explique aussi pourquoi d’autres mécanismes de défense, comme l’addiction et la violence, mènent à une rupture des liens et au legs de notre propre traumatisme à la génération suivante.

Aux origines de la douleur


Je suis né dans les regions rurales de l’Ohio en 1943. Comme la plupart des bébés nés à cette époque, j’ai été drogué (via l’anesthésie générale de ma mère, qui a mis des semaines à s’estomper), arraché du giron avec les forceps en métal froid, attrapé par gants en plastiques collant puis plongé dans une lumière aveuglante – au lieu d’être accueilli avec tendresse par des mains chaleureuses dans une lumière tamisée. J’ai sans aucun doute été tenu la tête en bas pour drainer mes poumons (je ne suis pas sûr d’avoir été giflé ou pas, mais c’était la norme). Du nitrate d’argent piquant a été mis dans mes yeux, j’ai été ensuite emmailloté dans un tissu rêche et froid au lieu de me laisser me blottir contre la peau tiède de la personne avec qui j’avais été intimement lié pendant 9 mois. Peu de temps après j’étais amené à la « nursery » et placé dans une boîte en plastique aux côtés de Carol D., née plus tôt ce même jour. J’ai passé les 10 jours suivants là-bas (c’était la norme dans les années 40). Arlène et Marlène m’ont rejoint, des jumelles nées quelques jours plus tard. On m’a alors donné une tétine froide en caoutchouc avec un biberon rempli d’une substance grasse, antigénique, au lieu de la nourriture miraculeuse résultat de 3 millions d’années d’évolution spécialement préparée pour moi.

Puis, un jour ou deux plus tard, j’ai été immobilisé sur une planche et sans aucun anesthésiant, la majorité des terminaisons nerveuses les plus sensibles de mon pénis ont été amputées. Puis ont suivi les « abus normaux » des pratiques parentales des années 40:
  1. Lait artificiel
  2. Un planning de biberon toutes les 4 heures. J’avais faim au bout de 3 heures et je pleurais la dernière heure, jusqu’à ce que j’apprenne que ça ne servait à rien et j’ai pris une décision sur le monde qui est si fondamental pour mon organisation cérébrale qu’il impacte encore presque tout ce que je fais : « Demander ce que l’on veut ne sert à rien »
  3. Etre enfermé dans un berceau ou un parc
  4. Privation du mouvement continuel lié au fait d’être porté dans les bras.
  5. Dormir seul dans une chambre séparée.
La plupart de ces “progrès” dans l’éducation des enfants ont été établis par des hommes citant des idées « scientifiques » non testées, il a été démontré depuis qu’elles sont déstructrices du lien humain. Je ne blâme pas mes parents ou les autres de leur génération ; ils ont suivi naturellement le courant culturel et les promesses de la science et des technologies pour soigner les maux du monde, qui en 1943, étaient encore un espoir indéfectible.

J’ai utilisé la dépression comme défense principale dès le début. Alors que ma défense primaire semble en apparence être la dépression, ce n’est qu’une des multiples possibilités à laquelle s’accroche les enfants/adultes dans leur tentative d’échapper à la douleur des premiers besoins réprimés qui les rongent. Les autres sont l’addiction, la violence, les maladies chroniques, et l’écocide (destruction de l’environnement) – symptômes de ce que James Prescott appelle Syndrôme de Privation d’Affection Somato-Sensorielle (Somato-Sensory Affectional Deprivation Syndrome) dans ses premières recherches sur l’attachement.

J’ai créé un monde “sûr” qui dans ma tête me donnait la sensation de contrôle (vu que je n’avais pas de contrôle sur ma façon d’être nourri, d’être touché ou bercé). Le fait d’avoir été déconnecté de la matrice de ma vie en étant isolé des autres a limité ma capacité à exprimer mes besoins et à les satisfaire – d’où les dépressions chroniques. Personne ne voyait mes dépressions, y compris moi, jusqu’à ce que je sois à l’université – les gens pensaient juste que j’étais “calme”.

Ma condition n’est pas atypique des hommes vivant aujourd’hui qui ont été élevés selon les standards culturels « modernes ». Un de mes amis, bien qu’élevé en Californie, a été suffisamment chanceux du fait que sa mère était sud-américaine. Il a été allaité bien après l’âge de 2 ans et m’a toujours paru plus heureux que toutes autres personnes que je connais.

Ma dose de câlins

N’ayant jamais connu le réconfort d’une mère, j’ai passé la majeure partie de ma vie à chercher un remplacement.

Je pensais que le fait de me marier et de devenir docteur me satisferait d’une certaine façon. Donc dès l’âge de 5 ans je me suis lancé aveuglément sur la voie de 22 années d’études qui permettrait d’atteindre le deuxième objectif. Je supposait que la “fille” idéale apparaitrait par magie au moment où je deviendrais docteur. Bien que mes compétences sociales aient été peu développées, je n’étais pas découragé à l’idée qu’elle apparaitrait.

A ma grande surprise, le mariage en plein cœur de mes études de médecine n’a pas soudainement rendu ma vie meilleure, juste plus compliquée. Mes sentiments de vide ont empiré et ma dépression s’est amplifiée. Après trois années de mariage et de nombreuses crises, ma femme a dit qu’on devait avoir un bébé ou se séparer. Je pensais que je devais accepter, puisque le divorce n’était pas une option dans ma famille. A contrecoeur, en 1972, je suis devenu père.

C’était génial au début, l’excitation d’un nouvel être, puis la réalité m’a frappé : j’étais beaucoup plus bas dans la liste d’attention de ma femme. J’ai commencé à être de plus en plus déprimé, ce qui nous mena à la thérapie. Là-bas j’ai appris que j’avais des sentiments et que je pouvais les exprimer bien qu’avec difficulté (même aujourd’hui). Nous avons commencé à apprendre les causes inconscientes qui ont influence notre mariage symbiotique, mais que nous étions impuissant à les changer. Toutefois, ce groupe de thérapie parentale est devenu la base de mon travail de pionnier du bien-être et plus tard, de mon observation qu’un lien raté d'attachement mène au besoin d’un travail de guérison en tant qu’adulte.

Bien que j’ai appris énormément sur mon fonctionnement interne, j’étais toujours déprimé la plupart du temps. Quand notre fille a eu 2 ans et demi, la douleur était telle que je me suis rendu compte qu’il fallait que je parte afin de garder toute ma tête, j’étais parfois à deux doigts d’avoir des pensées suicidaires. J’ai abandonné ma première fille avec qui je n’avais jamais vraiment tissé de lien – clairement à cause de mon manque d’expérience avec ce phénomène.

Le cycle a repris avec une autre relation intense de 3 ans. Je recherchais toujours inconsciemment la mère que je n’avais jamais eu, et quand je suis remonté dans son attention ce n’était pas assez, et elle était épuisée par mes besoins intenses. C’est aux environ de ce moment que j’ai entendu parler du livre Magical Child (L’enfant magique) et de la tentative de son auteur Joseph Chilton Pearce de recadrer les besoins légitimes de réconfort des enfants. Mais alors, je ne pensais pas que cela était pertinent et inconsciemment je ne voulais pas remuer mes souvenirs douloureux de l’enfance. J’ai essayé d’apprendre à m’aimer et à suivre les principes de la responsabilité de soi-même que j’essayais de promouvoir à l’époque, le tout en continuant de me battre avec ma dépression chronique. J’ai à peine réussi et au fond de moi, je ressentais toujours que quelque chose n’allait pas.

Un an plus tard j’ai rencontré une australienne, Meryn Callander, et je suis tombé amoureux. Alors que notre amour s’épanouissait, nous étions souvent mis au défi de notre relation en formation, mais nous l’avons surmonté et un an plus tard nous nous marions. Nous avons aussi commencé à travailler ensemble, dans un premier temps en écrivant des livres, puis en créant une communauté authentique, particulièrement pour aider les professionnels qui se sentent souvent seuls et incapables de se connecter émotionnellement avec des pairs. C’est à travers les études de Meryn sur la spiritualité féministe que je suis devenu conscient du phénomène de séparation endémique dans la culture occidentale qui a créé les institutions autoritaires qui nous entourent, comme la médecine, le droit et le système éducatif. Je faisais face à certains aspects de ce phénomène dans le cadre de mon travail dans notre « Wellness Resource Center » au cours des 7 dernières années, mais je ne comprenais pas le contexte général.

Je pensais que j’avais graduellement surmonté mes dépressions grâce à un travail continuel sur moi dans des séminaires orientés vers le developpement personnel, séminaires que je menais et auxquels je participais. Mes amis qui me connassaient depuis longtemps voyaient la différence : les années de travail pour traiter mes douleurs étaient en train de payer.

L’une des choses qui me reconfortait le plus c’était le fait d’être allongé au lit la nuit dans les bras de Meryn, habituellement à regarder la TV, en ayant ma tête, ma poitrine ou mon ventre caressé. Nous passions une heure plusieurs soir par semaine à faire cela avant de nous endormir et une quinzaine de minutes le matin, en alternant celui qui était le refuge de l’autre. Contrairement au stéréotype masculin qui pense au sexe et en veut toujours plus, ce que je recherchais principalement était le réconfort d’une figure maternelle, même si je n’en étais pas pleinement conscient. Parfois je pensais que quelque chose n’allait pas bien avec moi de ne pas être plus intéressé sexuellement. Etre pris dans les bras et caressé était le filin qui me maintenait à flot, sans pour autant vraiment réaliser à quel point ce besoin m’était vital jusqu’au jour où je l’ai perdu presque totalement.

Se jeter à l’eau

Comme la plupart de nos amis à l’époque , Meryn et moi ne pensions pas avoir d’enfant ensemble, mais après 10 ans, s’approchant de la quarantaine, l’horloge biologique de Meryn s’est mise en route. Je ne pouvais pas m’imaginer rouvrir l’expérience douloureuse d’être père à nouveau. Sur les conseils d’un ami, j’ai lu « Le Concept du Continuum » de Jean Liedloff. J’ai soudainement réalisé que la séparation que nous avions étudié n’était pas innée à la condition humaine mais le résultat de la façon dont nous isolons nos bébés et nos jeunes enfants. A titre personnel, je pouvais me rendre compte que mes vieilles blessures, que je croyais avoir guéries lors de ma thérapie, étaient encore là. Je pensais aussi que je pourrais me rattraper de mon pire échec (être un père) et faire les choses correctement cette fois avec une nouvelle approche.

Jusque là, j’avais vécu une vie faite de dates limites (auto-imposées) en utilisant l’adrénaline pour me permettre d’accomplir des choses, en ayant toujours la sensation qu’une peur inconnue me gagnerait si je n’avais pas un objectif concret à achever à la fin de la journée. Je faisais semblant de me concentrer sur l’amour et les relations comme étant mes plus hautes valeurs, mais j’étais mu par le besoin d’accomplir des choses pour payer mon dû. Cela est toujours vrai même si j’ai fait de gros progrès.

Durant 4 ans, au début de notre relation, Meryn et moi avons vécu une vie volontairement simple dans les montagnes du Costa Rica. Nous avions tous les deux envie de revenir à cette vie simple. En parallèle de notre décision d’avoir un enfant, nous avons vendu notre grande maison, réduit les séminaires que nous animions et avons acheté 40 acres dans une zone reculée du comté de Mendocino en Californie, à 7 miles de la fin des lignes électriques.

Nous sommes devenus des exploitants agricoles. Je me suis mis à transformer une cabane en une maison fonctionnant à l’énergie solaire. Nous lisions et écrivions intensément sur le parentage proximal. Nous nous sommes préparés à donner naissance à notre fille à la maison avec une sage-femme, le tout agrémenté d’une piscine d’eau chaude fournie par un ami.

La naissance s’est bien passé, et alors que je pensais être mieux préparé pour devenir père, je n’avais pas la moindre idée de la profondeur de la douleur et de l’envie qui surgirait en étant constamment avec un être qui connaissait ses besoins, les exprimait et avait droit au réconfort dont chaque enfant a besoin et qui lui permet de s’épanouir.

Et comme on aurait du le prévoir, l’arrivée de Siena a supplanté la plupart de ma source de réconfort. Notre maison n’était toujours pas terminée, je devais faire face à des problèmes d’eau et d’électricité. Nous sommes vite arrivés à la conclusion que notre tentative de parentage proximal était faite pour une famille étendue et pas pour notre famille nucléaire. Faire venir la mère de Meryn d’Australie pour vivre avec nous a aidé, mais il a souvent semblé, étant donné notre engagement que Siena soit toujours portée jusqu’à ce qu’elle en décide autrement, que nous étions à encore à court de bras.

Alors que nous donnions à notre fille un degré de réconfort physique inconnu de la plupart des enfants dans le monde occidental, et qu’elle s’épanouissait, notre relation de couple devenait de plus en plus tendue. Je tombais encore plus profondément dans la dépression, alternant périodes d’hyperactivité pour nous maintenir à flot financièrement et pour me racheter de mes moment d’effondrement. C’était insoutenable.

J’essayais de satisfaire mes besoins sur de nombreux fronts: travaux, thérapie, groupes de soutien, et passer du temps dans la nature; le tout s’avéra inutile.

Ce n’est qu’après une année de recherche spirituelle, déménageant à l’autre bout du pays en Virginie en 1996 où j’ai trouvé une communauté qui semblait pouvoir combler beaucoup des idéaux que j’avais poursuivi durant les 20 années précédentes, que j’ai trouvé de la tranquillité dans mon cheminement et j’ai commencé à écrire sur le sujet.

Malgré la moitié d’une vie de thérapie et d’effort de développement personnel, je luttais toujours avec ma rage à peine dissimulée, qui se manifestait sous la forme de dépression, une crispation chronique de la machoire et un nœud à l’estomac.

Et même maintenant, près de 11 ans après la naissance de ma deuxième fille, je suis toujours aussi choqué par le contraste que je constate entre ses besoins exprimés et satisfaits, et la façon dont la plupart d’entre nous ont été traités. J’ai passé plus de 1000 nuits allongé à côté d’elle pendant qu’elle tétait. Cela m’a donné une nouvelle notion de mes propres besoins oraux domptés que j’ai essayé de compenser durant toute ma vie et toute ma carrière. Passer du temps avec ma fille active encore parfois en moi des zones douloureuses et profondes, je la vois comme un professeur spirituel, qui me met au défi permanent de gérer mes années de douleur réprimée, cette douleur qui m’a maintenue déconnecté de ma famille/tribu/planète, qui est mon droit imprescriptible.

Conclusions

Mon parcours personnel est révélateur d’une des façons dont peut s’exprimer l’échec de l’attachement dans une dynamique familiale. Heureusement, c’est dans nos blessures que se révèlent nos dons. Il est clair que mon travail dans le bien-être a été influencé par ma douleur, et si je ne l’avais pas pris dans le contexte plus large d’un parcours personnel, je pense que j’aurais sombré dans la souffrance. Si vous n’avez pas trouvé le don dans votre blessure, continuer de chercher.

Un mot d’avertissement : après m’être observé et avoir observé d’autres qui ont travaillé sur ces sujets plus de la moitié de leurs vies adultes, je ne suis plus très sûr que nos blessures d’enfance liées à l’absence d’un attachement fiable – ou l’euphémisme populaire de la “faible estime de soi” (Liedloff décrit l’attachement comme le sentiment d’être méritant et bienvenu) – puisse être soigné à long terme au-delà de quelques éclairs et de remissions temporaires. Mais je suis convaincu que l’on peut apprendre à mieux gérer notre douleur et à être moins contrôlé par elle.

La dépression est l’un des plus grands problèmes de notre culture, au même titre que l’addiction, la violence, et les maladies chroniques. La réactivation de cette douleur dans notre tentative de créer une famille à nous est une condition à laquelle nous devrions réfléchir avant la naissance d’un enfant. J’avais et je continue d’avoir des difficultés avec cette situation, donc je ne pense pas que ce soit facile pour de jeunes gens qui entrent naïvement dans la vie de parent inconscients de leur propres blessures.

Pour éviter de perpétuer l’échec de l’attachement auprès de nos jeunes, amplifié par les familles nucléaires dysfonctionnelles – elles même un artefact de cultures autoritaires – nous devons reconnaitre ce à quoi un lien fiable ressemble et ce qu’il nous fait ressentir et commencer à remettre en cause l’abus normatif du détachement que l’on voit partout.

Nous voyons et entendons cette myriade de symptômes d’aliénation et d’attachement raté tous les jours aux infos, mais nous n’entendons pas parler des vraies causes – notre façon de traiter nos bébés et nos enfants. Si nous y regardons de plus près nous pouvons voir les symptômes dans nos propres vies, comprendre la cause réelle et commencer à avoir nos besoins satisfaits avec l’aide de livres et d'ateliers sur la conscience de soi, de groupes de soutien, thérapie, et une communication ouverte et honnête avec nos familles et amis, au lieu de rester aveugles et d’être uniquement menés par nos besoins d’enfance. Commencer par mettre en pratique la sagesse trouvée dans des publications comme celle diffusée par Kindred (ndlt: site anglophone) est un bon début.

Plus les hommes seront conscients de la dynamique entre leurs besoins non satisfaits et le fait de voir leurs enfants essayer d’avoir les leurs satisfaits, plus le déni général de ce problème sera  exposé en plein jour, et plus les hommes seront plus aptes à gérer leurs propres problèmes au lieu de les renier, les cacher, les infliger aux autres ou à les traiter par voie médicamenteuse.

Les hommes seront alors capables d’aider la société à comprendre et à reconnaitre les blessures du détachement qui ont non seulement atteint des proportions épidémiques dans les générations récentes, mais qui en plus sont perpétuées par des programmes culturels et économiques. En recréant des communautés, des familles étendues et d’autres façons de se soutenir, à découvrir en se donnant le réconfort qu’on a jamais eu, nous pouvons rompre le cycle de l’abandon et de la séparation infligé aux enfants sous la forme de naissances médicalisées, d’alimentation au biberon, circoncision, crèche précoce et autres traitements similaires.

Lorsque nous faisons face et acceptons nos propres blessures et lorsque nous ouvrons nos coeurs pour nous occuper de nos propres besoins, nous libèrerons la compassion qui nous donne la force de rester avec nos familles et de créer un monde qui nous réconforte tous.

vendredi 24 août 2018

Ouvrages anti-sexisme et/ou pro-diversité pour les 4-7ans et plus

updated 25/01/2019


En cheminant sur les listes citées dans mon article "Représentation de soi, sexisme, racisme : des ressources pour nos enfants" voici ceux que j'ai sélectionnés pour mes enfants, en ajoutant un filtre "parentalité positive" (sachant que je ne les ai pas encore lus et que, de manière générale, lorsqu'une phrase ne me plait pas dans un livre, j'en parle avec les enfants et nous la ré-écrivons !). 

En gras ceux qui mettent en scène des enfants noirs ou métisses dont on peut 
lire, pour la plupart, une critique sur le site de Mistikrak

Notez que la librairie Tulitu, rue de  Flandres à Bruxelles proposent de nombreux ouvrages féministes, queer, et LGTB, avec une sélection jeunesse (Merci à Sarah de me l'avoir rappelé) et que l'on peut y passer commande surtout pour les ouvrages canadiens qui sont nitreux dans cette liste. 

Les liens ici pointent vers Amazon qui me reverse 3% sur les commandes sous forme de bon d'ahan pour d'autres livres.


Je viens de commander :

  • Le collectionneur de mots de Perer Reynolds Verdict :  grand succès auprès d'Anouk et Nelson ! Nelson adore déchiffrer tous les mots et apprendre leur signification. Anouk aussi joue avec. Ils adorent tous les deux ! Le message finale est beau, doux, paisible, inspirant.
  • Rien du tout ! de Marie-Hélène Jarry & Amélie Dubois Verdict :  Je trouve ce livre tout doux et poétique. J'aime bien que ce soit le père de la petite fille qui dialogue avec elle. Anouk a souhaité le lire quelques fois mais c'est un peu braquée quand deux de mes amies (blanches) lui on fait remarqué comme la petite fille lui ressemblait. J'étais un peu gênée moi aussi car ok l'héroïne est une petite fille métisse mais la resemblance s'arrête à priori là... J'ai essayé de verbaliser tout ca et le verdict a été: "d'accord alors elle ressemble à ta maman!" Et Anouk de rétorquer, "non maman n'est pas une petite fille!". Et toc :) 
  • Le petit livre pour apprendre à dire non de Dominique Saint Mars et Serge  Bloch (se défendre contre le harcèlement et les abus émtionnels, physiques, et sexuels). Verdict :  c'est une perle ! Les illustrations BD parlent beaucoup aux enfants qui en sont curieux car elles poignet souvent de situations qu'ils ne connaissent pas (comme les notes à l'école). Après la lecture de chaque situation, on invente des situations similaires (sérieuse ou loufoques) et on essaye de trouver comment dire non? Partie de rire assuré : "dis, tu veux que je repeigne ta chambre en marron caca?!"
  • La Princesse Attaque : un livre dont tu es le héros ou l'héroïne de Delphine Chedru. Verdict : On aime le lire ensemble et discuter des choix de scénario, qui entrainent l'attention et la mémoire. Souvent Nelson et Anouk ont des choix différents alors parfois on revient en arrière pour voir ce qui se passe si on fait autrement.
  • Moi, je m’aime ! de Karen Beaumont & David Catrow  Verdict :  Pour les plus petits: 3/4/5 ans. Anouk tinte sur le nez de cochon et la première page où il est écrit "personne ne me fait envie". L'auteure est canadienne. J'ai traduit cela en "elle ne jalouse personne, elle n'ai pas envie d'être quelqu'un d'autre qu'elle-même" (ce qui est plus explicite plus tard). C'est drôle comme la ligne est fine entre amour de soi et narcissisme; et je crois que l'on a tous un peu peur ou honte de s'aimer vraiment pleinement, entièrement. C'est tout un apprentissage ! Autant commencer petit !
  • Maïa qui aime les chiffres de Romana Romanyshyn, Andriy Lesiv Verdict :  Très beau livre. C'était pour Nelson mais à 7 ans, HP, méga doué en math, c'est un peu tard ou peu intéressant.

Sur la liste pour la prochaine commande :

  • Les sauvages Mélanie Rutten (j'adore l'univers de Mélanie Rutten) 
  • L’Avie d’Isée de Claude Ponti (fille aventurière et futée, univers magique et absurde de Claude Ponti) => pas encore commandé.
  • Comme un million de papillons noirs Laura Nsafou (alias Mrs Roots) =>  il me semble que l'univers cour de récré d'école publique à "Babylon" est trop éloigné du monde quotidien de mes enfants.  Peut-être pour une de mes nièces. Il existe aussi désormais Little Nappy : quand ma maman m'apprends à prendre soin de mes cheveux, présenté ici chez Mistirak.
  • Le masque de Stéphane Servant, Ilya Green (nous délester des étiquettes et des rôles que l'on portent malgré soi)
  • Un Voyage Sans retour de Gaspard Njock pour les plus grands, qui aborde la question de l'exil des jeunes camerounais, pays d'origine de mon père et parle des jeunes réfugiés qui débarquent (ou pas) sur les côtes européennes. Une réalité très proche de notre famille puisque trois de mes jeunes cousins ont fait le voyage. L'un d'entre eux a péri en mer (à 15 ans), les deux sont sans papier dans deux pays différents du sud de l'Europe (l'un d'un est mineur). ~ Présenté chez Mistirak ici.

En Italien : 


Un beau livre coloré  "I mille perché di Dino Ricciolino" de mon amie Chiara Batistelli. Dino, le personnage principal est un garçon noir, et sa maman est blanche, ce qui ne change rien à l'histoire.  Avec lui, on découvre le monde des abeilles avec des explication scientifiques et didactiques sur leur travail et sur la nature. C'est exactement le genre de livre que je voudrai voir d'avantage accessibles et mis en avant.


J’aime aussi :


Pour plus grands (à partir de 7 ans?) :


A découvrir aussi :

  • Un air de famille de Moni Port, Philip Waechter 
  • Chez un père crocodile de Malika Doray 
  • Akiko la courageuse petit conte zen d’Antoine Guilloppé 
  • Jacotte de Géraldine Collet, Estelle Billon-Spagnol 
  • La nuit de Valentine de Hélène Vignal, Isabelle Charly 
  • Achile et la rivière d’Olivier Adam, Ilya Green 
  • Ti Poucet de Stéphane Servant, Ilya Green 
  • La Princesse Attaque de Delphine Chedru 
  • Le petit chaperon bleu de Guia Risari, Clémence Pollet 
  • Zizi et zezette de Camille Laurans et Jess Pauwels
  • Overdose de rose de Fanny Joly et Marianne Barcilon
  • A quoi tu joues ? de Marie-Sabine Roger & Anne Sol
  • Un petit loup si doux de Gerda Wagener & Jozef Wilkon 
  • D’une île à l’autre de Nadine Brun-Cosme, Sylvie Serprix 
  • Nos beaux doudous de Stéphane Servant, Ilya Green 
  • Orient express de Delphine Chedru 
  • Vive l’anarchie ! de John Jana 


RQ : ceci est mon 300ème article sur BLO :)


Les Trois Lunes, liste 2015

Représentation de soi, sexisme, racisme : des ressources pour nos enfants

extrait des dépliants de Maman Rodarde à télécharger sur son site

La fille métisse d'une amie blanche écrit une thèse sur la représentation de soi des enfants métisses en Allemagne et du racisme inconscient de leur entourage et notamment du parent blanc. C'est un éclairage stupéfiant sur l'intériorisation du racisme par tout un chacun, même quand on s'en croit à l'abri.

Je me demande ce que mes enfants ont intégré comme stéréotypes sexistes, racistes, spécistes, etc. Je me demande comment ils se perçoivent eux-même en tant que fille, garçon, métisse blond, métisse brune, enfants de couple mixte, enfants vegan, enfants de parents polyamoureux, etc.

Connaissez-vous le test de la poupée? Je vous laisse le découvrir... 




Remarque : il existe une version plus longue sans sur-titres français avec d'autres groupes d'enfants, notamment asiatiques et latino-américains. Notez que les résultats sont les mêmes.


Enfant, j'ai souffert comme beaucoup des étiquettes et des jugements des autres. On y passe tous mais notons qu'il y a des catégories qui n'y échappe pas, et ce, toute une vie, même dans les interactions les plus mineures du quotidien.

Alors voilà, je me retrouve maintenant dans le rôle de la mère de la fillette métisse et j'aimerai empowered ma fille plus que je ne l'ai été. Et mon fils aussi. Pour qu'ils se sentent bien dans leur genre et dans leur peau.

L'avantage que j'ai sur mes parents c'est que ma mère étant blanche, elle pouvait plus difficilement comprendre ce que je vivais et mon père, noir, faisait tellement d'effort pour que ma soeur est moi passions pour de bonnes françaises de souche, qu'il vivait dans une sorte de déni. Impossible pour lui que nous soyons visées par le racisme, il encaissait beaucoup trop lui même pour pouvoir entrevoir notre souffrance. Autre avantage : les temps changés ! La seconde et 3ème génération d'immigrés est plus outillée que ses aînés. Voir par exemple les blogs : les bavardages de Kyémis (France, queer, 20ans, pur régal), Mrs Roots (Québec, auteur d'un livre pour enfants), le collectif afroféministe Mwasi (France) et la revue littéraire et artistique Ayaté (France).

Je suis donc en pleine exploration de pistes pour permettre à mes enfants d'avoir une représentation d'eux même positive et de cultiver leur tolérance face à la différence, de se libérer du diktat de la norme, si chère à mon papa.

S'affranchir de la norme 


La norme c'est quoi? C'est le prêt-à-penser institutionnalisé par des acteurs au pouvoir écrasant qui se nourrit de notre docilité : la pub, les médias (y compris l'industrie cinématographique et télévisuelle de masse qui handicape voire annihile la capacité de libre-pensée de nos enfants et la nôtre), les discours officiels relayés entre autre par le mode médical et l'école, manipulés par les lobbies de l'industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, informatique, du tabac, etc.  L'ensemble des idées diffusées modèlent la psyché nécessaire à la reproduction du système patriarcal capitaliste dont l'archétype, au sommet de la pyramide sociale, est l'homme hétérosexuel blanc de 40 ans avec un bon CDI et propriétaire (de son logement, ses gosses, sa femme, son assurance-vie, etc.).

C'est ce qui nous donne envie d'avoir (des enfants sages, un beau corps, l'éveil, un amant plus doué, etc.) plutôt que de nous accepter dans l'instant tel qu'il est. Vous vous croyez à l'abri? Ce super article du blog Famille à l'Ouest est un très bel exemple et un bon moyen de se réveiller quand on roupille encore : Le prix de la meilleure « maman Montessori »

Ces agents du système tissent une moralité bienséante et traditionaliste servie non-stop H24-7/7 y compris par nos amis, nos collègues, nos parents, etc... sauf si on se débranche ! A ce sujet je vous recommande l'un de mes articles préférés : Le regard des autres : vivre ses choix de maternage avec sérénité.

Comment contre-carrer les messages sexistes et racistes subliminaux ou frontaux reçus par mes enfants (4 et 7 ans)? Comment les sensibiliser à leurs droits pour que leur ouverture d'esprit naturelle perdure malgré le conformisme ambiant? Même si l'on vit dans un milieu conscient assez libre, voire libertaire, il n'empêche : le racisme et le sexisme sont comme le carnisme, tellement intégré qu'on ne le perçoit plus que dans les cas extrêmes.

Les solutions pour soutenir nos enfants 


On transmet déjà beaucoup par l'exemple. 

Pour ça, je crois ne pas être trop à la masse mais j'ai encore du travail, notamment pour poser des limites claires (avec les personnes qui m'impressionnent) et accepter mon corps plus encore. Je ne vais pas faire de liste de ce que je fais ou ne fais pas (quoique ça pourrait vous inspirer) parce qu'être féministe ce n'est pas, par exemple, s'épiler ou pas (c'est un exemple). Mais, dans le cas de l'épilation, se poser la question "pourquoi je le fais?" et répondre avec honnêteté en écoutant son coeur et pas sa tête, c'est déjà une démarche vers l'amour de soi et l'affranchissement aux diktats extérieurs (qui créent des diktats intérieurs durs à dégommer...). 

Il n'empêche, hier ma fille m'a dit : "les femmes restent à la maison et les hommes travaillent à l'extérieur"... What? Parce qu'il fait chaud et que j'aime travailler sur mon ordi au frais, et que la plupart des hommes ici travaillent au jardin, à la construction ou dans l'atelier qui est à l'extérieur. 

Dans notre communauté, les jeux entre enfants s'établissent souvent en fonction du genre. Je me demande pourquoi. La tribu d'enfants commence aussi à s'intéresser à l'anatomie de chacun. Les garçons  essaient parfois de contraindre les filles et ont besoin de guidance pour percevoir les limites et comprendre le respect du non et le concept du consentement. Les filles font parfois les mièvres et font semblant d'avoir peur pour qu'ils leur courent après... (Oups, je crois que je fais parfois la même chose...) Il y a aussi cette petite fille blonde qui s'abreuve d'histoire de princesse, s'habille en princesse... C'est une super amie pour ma fille mais je vois bien que ça la questionne (et moi aussi). On a acheté des jolies robes et un déguisement de princesse mais je souhaite l'aider à garder sa spécificité (et j'observe que c'est important pour moi d'avoir une fille qui n'est pas gnangnan...tiens, tiens est-ce que je suis assez cool avec ça?...).  


Observer nos comportements, nos schémas, les accepter aussi et voir ce qui nous sert et ce qu'on veut transmettre, sans brimer les élans explorateurs de nos enfants. 


Pour se prémunir des stéréotypes de genre  :

Les dépliants de Maman Rodarde (sa photo)




* Les super dépliants réalisés et offerts par Maman Rodarde pour les filles (il y a 2 fichiers) et pour les garçons. Cette super maman à aussi choisi de représenter des personnes racisées (i.e. qui subissent l’assignation à une supposée race) et des personnes transcende. Je les ai imprimés, découpés et mis dans un bocal dans la cuisine à l'intention des enfants et adultes de la communauté. J'en ai aussi imprimé pour que les enfants les partagent en classe.

* Les affiches à imprimer d'Elise Gravel : il y en a une sur les filles, une sur les garçon et une très intéressante sur le consentement. J'ai moins aimé celle sur les différences. Elise Gravel met aussi gratuitement à disposition des livres à imprimer en français et en anglais (artsy boys, smelly girls) pour déconstruire les stéréotypes de genre.

* Le super blog Fille d'Album qui présentent des alums jeunesse et des romans anti-sexistes. (Ce blog est désormais repris dans la liste de liens féministes de BLO)

* Les listes d'ouvrages anti-sexistes sur les site Les Trois Lunes : 2015 et 2013 (la liste 2017 traite plutôt de la parentalité).

* Un webzine à télécharger sur l’antisexisme sur le site de La mare aux mots et  aussi une page instagram qui reprends tous les ouvrages présentés sur le site.

Pour se prémunir d'une représentation biaisée de la société dans la littérature jeunesse et nourrir une représentation positives des enfants racisés :

Le blog Mistikrak d'une maman bibliothécaire québécoise qui recensent et promeut les ouvrages représentant des personnages racisés (i.e. qui subissent l’assignation à une supposée race). Ce qui est très intéressant c'est qu'elle décrypte la représentation implicite et explicite du-dit personnage : est-ce un personnage secondaire ou primaire? sa couleur change t-elle quelque chose à l'histoire? est-il stéréotypé (par ex. pauvre enfant de banlieue ou enfant sauvage en Afrique) ? J'aime particulièrement sa sélection de livres sur l'acceptation de soi.

- en anglais : The brown book shelf un blog américain, pendant de celui de Mistikrak.

Pour l'instant j'en suis là.

* Etre plus consciente de mes blessures et de mes ressources. 

* Incarner plus consciemment mon statut de mère afroeuropéenne d'enfants racisés : c'est à dire apporter de l'attention à cet composante de mon être et de mes enfants pour l'intégrer pleinement à mon maternage (comme je le fais pour le veganisme ou d'autres choix d'éducation par exemple).

RQ : je le répète, racisé veut dire susceptible d'être victime de racisme. Notez que "racisé" c'est un adjectif, pas un nom, car utilisé comme nom il perd son sens, voir l'article de Sarah-Jane Fouda dans Le Monde à ce sujet). 

* M'épanouir dans ma féminité et ma sexualité.

* Jouer avec les archétypes & les stéréotypes en général et ramener une dose d'humour (sans que ce soit une fuite).

* Partager mon cheminement avec leur père et les adultes et enfants qui interagissent avec nous (communauté, grand-parents, écoles, amis, etc.).


pour Natura Spirit, photo : Emilia Drake.

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