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jeudi 18 août 2022

Se soigner pendant l'allaitement

Cet article a été publié dans le hors-série 13 du magazine Grandir Autrement, dans le dossier "De la difficulté d'être un parent à l'écoute" disponible pour 3 euros dans la boutique en-ligne du magazine (magazine qui a grandement besoin de notre soutien). 

 Je suis heureuse de partager cette interview de Pauline qui a écrit plusieurs articles de fond pour BLO il y a quelques années. Cet entretien date de 2019... Je récupère mon retard... Si vous avez besoin d'une chouette sage-femme, Pauline est au Framboisier. Je recommande aussi Philippine qui fait partie de cette superbe équipe.



 Se soigner pendant l'allaitement 

Anaïs Tamen


Rencontre avec Pauline Soupa, sage-femme indépendante et hospitalière, initiatrice de cercles de femmes enceintes autour du post-partum, à Bruxelles. Ces cercles sont l'occasion pour les femmes d'échanger leurs expériences, de retrouver les bienfaits de la sororité et d'en apprendre davantage sur une période souvent négligée pendant la grossesse où le suivi est concentré sur la naissance... Alors, comment prendre soin de sa santé pendant l'allaitement ?


Grandir Autrement : Comment booster son système immunitaire pendant l'allaitement ?


Pauline Soupa : Le plus important c'est de faire attention à son sommeil : c'est le plus grand manque que vivent les femmes, surtout quand ce n'est pas leur premier enfant. Il faut se discipliner et, en fonction de comment se passent les nuits, s'endormir au moins une fois par jour juste après avoir allaité son bébé. Sous l'influence de l'ocytocine produite lors de l’éjection du lait, la mère tombe directement en sommeil profond et ce sommeil est particulièrement récupérateur. Pour cela il faut se préparer à la sieste. Donc, avant d'allaiter, aller faire pipi, éteindre son téléphone, préparer un petit coin avec tout se dont on a besoin pour ne pas avoir à se relever. Si on se relève pour vite faire quelque chose pendant que l'enfant dort, l'effet des hormones ne fonctionne plus. Faire cela deux fois par jour c'est encore mieux ! En fonction des besoins, cela peut s’inscrire dans une routine quotidienne.


S'offrir une alimentation la plus vivante et nourrissante possible est aussi important2. Manger des légumes variés et de saison, des amandes qui sont galactogènes, du sésame, du miso, des algues, du miel, du pollen, des légumineuses, et aussi, quand on en consomme, des protéines animales qui, en Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) favorisent la récupération du Qi et du Sang3 après la naissance. En MTC, on évite les aliments froids, et on préfère les bouillons et tout ce qui cuit lentement. Chaque culture a au moins un plat spécialement dédié aux femmes en post-partum, comme la harira marocaine. A nous de questionner nos ainé-e-s pour retrouver ce savoir.


La femme allaitante, surtout après la naissance, doit adapter son rythme, c'est à dire ralentir et trouver du soutien, surtout quand il y a un ou des aîné-e-s.


Quand il y a des personnes malades dans l'entourage, notamment des enfants scolarisé-e-s qui ramènent parfois des virus de l'école, on peut, en préventif, diffuser des huiles essentielles dans l'espace de vie. Le Ravintsara est une des huiles essentielles (HE) qui est compatible avec l'allaitement. Pour les diffuser, les règles sont : en dehors de la présence des enfants. Si notre bébé à moins de 3 mois, il faut consulter un-e spécialiste avant d'utiliser des HE. De manière générale, il vaut mieux consulter une personne formée en aromathérapie ou un-e herboriste, car certaines huiles sont déconseillées avant 3 ans, d'autre avant 6 ans, et pour celles qui sont autorisées, les posologies et voies d’administration sont à adapter. Une alternative, plus douce avec moins de contre-indications que les HE : les hydrolats. Là encore, il est bon de prendre conseil.


Comme remède préventif, on peut faire une cure de propolis, d'extrait de pépins de pamplemousse ou de teinture mère d'échinacéa.


De manière générale, prendre soin de soi le plus possible c'est la base.


Prendre soin de soi ce n'est pas évident avec un.e tout.e petit.e...


Oui, le congé maternité n'a de « congé » que le nom. Je mets en garde les femmes qui accouchent l'été car parfois elles ne pensent pas du tout à prévoir du soutien pour les ainées. Elles se disent : « c'est super, les enfants seront à la maison... ». Or, ce n'est pas à celle qui vient d'accoucher de s'occuper des plus grand-e-s. Il faut une personne ressource pour toute la durée du 4ème trimestre, c’est ainsi qu’Ingrid Bayot, sage-femme québécoise, appelle la la période toute particulière que constituent les 3 premiers mois de vie du bébé. Dans toutes les cultures il y a cette période de repos pour la femme. Dans le Coran, c'est la symbolique des 40 jours après la naissance durant lesquels la femme s’abstient de certains actes (jeûne, rapports sexuels, …) mais surtout est assistée par d’autres femmes. En Europe et particulièrement en France, les relevailles étaient traditionnellement la cérémonie catholique qui permettait aux femmes de réintégrer les lieux de culte après un temps de repos chez elle ou elles étaient soutenues par les autres femmes de l’entourage. Désormais, nous sommes propulsées dans un quotidien fou juste après la naissance. Et les femmes aussi entrent dans cette dynamique. J'entends certaines femmes que j’accompagne dire « J'en profiterai pour faire ci ou ça... ». Sortir pour soi, se faire du bien, pour rencontrer des personnes encourageantes, oui. Répondre à des impératifs, non !



Et si la mère / le parent allaitant tombe malade ?


Je crois qu'on peut raisonnablement dire que la maladie vient comme un signal pour la mère et dans la grande majorité des cas, c'est un signe de grande fatigue. C'est donc le moment de questionner son quotidien, même si on avait l'impression d'avoir déjà ralenti. Le moment de se dire : « ok, je n’avais pas l'impression d'en faire trop mais qu'est-ce que je peux encore retirer de mes épaules ? Ou puis-je trouver du soutien ? ». La question du soutien et des personnes ressources, est à se poser durant la grossesse, avec le/la partenaire quand il y en a un-e.


Quand la maladie est là, on évite de s'auto-médicamenter. Que ce soit des médicaments allopathiques ou avec des alternatives naturelles, il vaut mieux demander conseils à quelqu'un qui s'y connait quand on n’est pas sûre de ce que l'on peut prendre ou pas.


Il est aussi important d'éviter les carences et, quand on en a, de les prendre au sérieux, surtout les carences en fer qui génèrent une fatigue chronique qui affaiblit le système immunitaire.


Peux-t-on allaiter quand on est malade ?


Oui, bien sûr, sauf dans quelques situations particulières : HIV, hépatite C si associée à des crevasses qui saignent par exemple.

Quand la mère tombe malade, elle transmet à son bébé les anticorps qu'elle fabrique. Comme le bébé suit sa mère partout, c'est très pratique. Le système immunitaire de la mère réagit plus vite que celui du bébé et elle lui transmet ce dont il a besoin pour se défendre.


Quand on a une intoxication alimentaire, une infection ORL,… bien sûr que l'on peut continuer à allaiter ! On doit respecter les règles d'hygiène de base : se tourner et éternuer ou tousser dans ses mains, puis bien se laver les mains.


Si on a une maladie chronique, dans la plupart des cas, on peut continuer à prendre son traitement et allaiter. Surtout, il ne faut pas décider d'arrêter seule un traitement. Je pense notamment aux femmes en dépression ou celles qui font de l'hypertension. Mieux vaut en parler à son médecin pour obtenir une alternative compatible.


Certains médecins proposent d'arrêter l'allaitement...


Cela peut arriver, et si une professionnel de la santé vous conseille d’arrêter l’allaitement alors que ce n’est pas votre souhait du moment, demandez un second avis. Beaucoup de professionnels de la santé ne sont pas assez formés au sujet de l'allaitement. J'ai déjà eu le cas d'un médecin conseillant à une mère qui avait une mastite de stopper immédiatement l'allaitement ! Or en cas de mastite, c'est bien la dernière chose à faire !


Les mères sont assaillies de conseils. Il faut nous rappeler que chaque situation est unique et que ce qui est bon pour notre meilleure amie ou notre voisine, ne l'est pas forcément pour nous.


1. www.leframboisier.be

2. Lire dans ce dossier « L'alimentation de la mère qui allaite »

3. en MTC, le Qi est l'énergie primordiale présente en toute chose, qui circule dans l'être et son environnement, et le Sang est le fruit de l'énergie de la nourriture, il est le sang tel que perçu en médecine occidentale et aussi l'énergie de ce liquide organique.

mercredi 17 août 2022

L'alimentation de la mère qui allaite

HS13 grandir autrement
Je remets à jour ces pages par la publication d'une série d'articles rédigés ces dernières années pour Grandir Autrement, qui je pense, seront utiles à plus grande échelle en étant aussi dispo ici.

Cet article a été publié dans le hors-série 13 de Grandir Autrement, dans le dossier "De la difficulté d'être un parent à l'écoute" disponible pour 3 euros dans la boutique en-ligne du magazine (magazine qui a grandement besoin de notre soutien). 



L'alimentation de la mère qui allaite

Anaïs Tamen - Septembre 2019 


Quand on allaite, on reçoit beaucoup de conseils non-sollicités, parfois contradictoires. Prendre soin de nos besoins et de ceux de notre enfant est l'occasion de cheminer vers une alimentation plus consciente, source de vitalité et de joie.

Nos habitudes alimentaires sont pétries de normes et valeurs culturelles, familiales, et parfois religieuses. Dur de remettre en question ce goût dont nous avons hérité dès notre vie intra-utérine par le liquide amniotique, puis par le lait maternel et à la table familiale...


Une alimentation bienveillante

Pourtant, manger plus sain est à la portée de tous. La base d'une alimentation bienveillante pour notre système « corps-cœur-mental », qui réponde à nos besoins à différents niveaux (nutrition, plaisir, éthique...) est certainement la conscience. S'informer et choisir ce dont nous nous nourrissons, acceptons de transformer, d'assimiler et de partager avec notre petit.e, est la clé.

Les règles de base suivantes1 bénéficieront à toute la famille :

  • Privilégier les produits frais, non ou peu transformés et les fruits et légumes locaux de saison (issus de l'agriculture raisonnée si possible).     
        

  • Manger plus de légumes verts et oranges.
        

  • Manger peu (ou pas) de sucre. Pour satisfaire les envies de sucre privilégier la consommation de fruits frais.
        

  • Lire les étiquettes pour éviter les additifs alimentaires artificiels et pouvoir repérer les allergènes.
        

  • Choisir de bonnes graisses végétales (vierges et de première pression à froid) riches en oméga-3. Éviter les graisses animales (graisses saturées) lourdes pour l'organisme, et potentiellement allergènes, et l'huile de palme. Notons que « la nature des graisses présentes dans le lait est très liée à celle consommée par la mère.2 »
        

  • Privilégier les cuissons lentes aux cuissons à haute température qui détruisent les nutriments et créent des « anti-nutriments » toxiques pour l'organisme.
        

  • Boire quand on a soif, de l'eau, des tisanes variées, des smoothies maison. Éviter les excitants et les boissons gazeuses et sucrées.


L'intelligence du lait

On estime qu'allaiter nécessite environ 600 calories en plus par jour. Cet excédent d'énergie requise, le corps le puise en partie dans la masse graisseuse qu'il a accumulée pendant la grossesse : « En l’absence de toute modification du métabolisme maternel ou augmentation des apports, cela représente 13 kg de masse grasse sur une période de 6 mois.3 »

La quantité de lait est déterminée par la succion du bébé. L'allaitement à la demande permet de répondre aux besoins du bébé, tant au niveau de la quantité que de la qualité du lait,qui évolue au fil de la journée et de l'âge de l'enfant. . Notons que : « les mères qui ont un lait très riche en graisses fabriquent habituellement moins de lait, et les mères qui ont un lait pauvre en graisses en fabriquent habituellement une plus grande quantité ».

Il est très intéressant d'observer qu'il existe peu de différence entre la composition du lait d'une femme mangeant à sa faim et d'une femme souffrant de malnutrition4. Cependant, si la mère n'accroit pas sa consommation de certains nutriments, c'est dans son organisme qu'ils seront puisés pour répondre aux besoins du bébé.


Éviter les carences

Durant l'allaitement, les besoins en vitamines A, B6 et C, zinc et iode augmentent de plus de 50 %5. Par ailleurs, en raison de l'appauvrissement de notre alimentation (entre autres dû à l'appauvrissement des sols par l'agriculture intensive et les mono-cultures), la plupart des femmes, qu'elles allaitent ou pas, ne couvrent pas leurs besoins en calcium, en fer, en zinc, en magnésium, en vitamine B6, en folates, et en vitamine D6. Cependant, « l’allaitement protège vis-à-vis de la carence en fer : l’aménorrhée de la lactation abaisse les pertes en fer chez la femme, et le taux lacté de fer est bas7 ».

Les précurseurs de la vitamine A qui permettent à notre corps de produire de la vitamine A se retrouvent dans tous les fruits et légumes colorés en particulier de couleur orange. Les bananes, les haricots et les pois-chiches, l'avocat, le saumon et les pistaches contiennent beaucoup de vitamine B6. La B9 se trouve dans la levure de bière maltée, l'avocat, la plupart des légumes verts et légumineuses. La vitamine C se trouve en grande quantité dans la baie d'églantier, l'argousier, l'ortie, le cassis, le persil et les herbes fraîches, et dans tous les fruits et légumes. Les algues marines, l'huile de foie de morue et la morue, l'ail frais et la farine de maïs sont riches en iode. Notons que le sel enrichi en iode serait suspecté d'une forte teneur en plomb...8 

Pour assurer nos besoins en calcium et en iode, on peut fabriquer du gomasio à base de sésame grillé mixé avec un sel de notre choix (10/1), et un peu d'algues ou d'herbes aromatiques sèches, et en saupoudrer nos salades et plats. En dehors des fruits de mer, on trouve du zinc dans le germe de blé, les graines de courges (source de magnésium, fer, phosphore, zinc, cuivre, potassium, calcium, vitamines A, B1 et B2, et d'oméga-3), les champignons shiitake et les lentilles.

On trouve du calcium en bonne quantité dans les figues sèches et dattes, le sésame complet et les amandes (qui contiennent aussi du magnésium et du potassium facilitant l’assimilation du calcium). Les légumes verts, dont le poireau, les brocolis, les épinards (à ne pas manger trop souvent du fait des nitrates) le persil, la mâche, le cresson, la roquette, et les algues, sont une bonne source d'apport. Les herbes aromatiques séchées (basilic, marjolaine, thym, herbes de Provence et Meloukhia) contiennent plus de calcium que les produits laitiers.

Attention, les vitamines sont souvent sensibles à la lumière, à la chaleur et se détériorent au cours du stockage. On préférera des produits frais ou à défaut congelés et les cuissons douces. Quand notre mode de vie est effréné, on peut aussi se tourner vers les vitamines dites « de grossesse ». Attention cependant au risque de se sentir « couverte » parce qu'on prend des compléments et de négliger la qualité notre alimentation, et prenons garde à choisir des compléments avec le moins d'additifs possibles.

Certaines situations sont plus sollicitantes pour le corps : jumeaux, allaitement lorsque l'on est enceinte, allaitement post-hémorragie, allaitement après des grossesses rapprochées, co-allaitement... Un accompagnement au cas par cas est nécessaire.


Végétalisme, allergies et régime

Tout comme en dehors de la grossesse et de l’allaitement, les végétaliennes doivent se supplémenter en vitamine B12. Notons que le lait produit par les mères végétariennes contient moins de polluants environnementaux que celui des mères consommant plus de graisses animales9. 

Les études sur le lien entre allergies et allaitement ne sont pas unanimes10 : certaines concluent à la prévention ou la réduction de manifestations allergiques, d'autres au risque possible de polysensibilisation. La prise de probiotiques et d'oméga-3 pendant la grossesse et l'allaitement (pour équilibrer le ratio oméga-3/oméga-611) semblerait limiter le risque allergique.

Quant à la question de la perte de poids, les régimes précoces ou la perte de plus de deux kilos par mois durant l'allaitement sont déconseillés. Apprenons à célébrer notre corps abondant qui nourrit notre enfant. Le post-partum ne devrait pas être une période de privation et de contraintes, mais l'occasion de prendre soin de nous et de notre enfant. N'attendons pas, et n'attendons personne, pour honorer nos formes et nos capacités de femmes créatrices, divines, qui donnent et nourrissent la vie ! Réunissons-nous entre femmes pour partager à ce sujet. Marchons et dansons avec nos bébés et bambin.e.s. Trouvons du plaisir à bouger, manger, créer et à être nous, en ce moment, tout simplement.



1 - Voir les recommandations de l'OMS : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/healthy-diet

2 - « Se nourrir quand on allaite », La Leche League (LLL), Allaiter aujourd'hui n° 113 (2017).

3 - « Implications de l’alimentation maternelle », LLL, Dossiers de l'Allaitement n° 67 (2006).

4 - Op. cit.

5 - Op. cit.

6 - Notons que plus la peau est foncée plus les besoins en vitamine D sont importants.

7 - LLL, 2006, op. cit.

8 - https://fr.wikipedia.org/wiki/Sel_iodé

9 - LLL, 2017, op. cit.

10 - « Le casse-tête de l'allergie » : https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1131

11 - « Quelques interrogations sur la nutrition de la mère qui allaite », LLL, Allaiter aujourd'hui n° 64 (2005).

vendredi 20 décembre 2019

L’école : vecteur de socialisation




Cet article a été publié dans le numéro 72 du magazine Grandir Autrement, dans le dossier "Accompagner la scolarité de son enfant" disponible en ligne ici

« Tout individu est inscrit avant même sa venue au monde dans ses groupes familiaux, sociaux et culturels. L’individu n’existe pas sans ses groupes originaires et ses institutions d’appartenance »1.Dans le modèle social qui est le nôtre, famille et école sont les instances de socialisation primaire classiques qui modèlent l’être en être social, plus ou moins sociable. La massification de la scolarisation, encouragée dès 2 ans, par les pouvoirs publics, et la légitimation de l’école comme lieu d’apprentissage des savoirs, savoir-être et savoir-faire, en fait une source d’influence majeure sur les parcours individuels mais aussi sur l’évolution de la société dans son ensemble. Comment s’opère la socialisation ? Notre modèle scolaire permet t-il l’épanouissement de chaque enfant ?


La cohésion sociale, fondement de l’école publique

La socialisation est le processus d’intériorisation par l’individu des normes, valeurs et manières d’être du groupe social auquel il appartient.  La famille dote l’enfant d’un certain « capital culturel » et la scolarité complète sa socialisation part l’influence des pairs, des professeur-e-s, de tous les acteurs en jeux (animatrices-eurs, personnel de nettoyage, direction, etc.) et de l’environnement dans lequel l’apprentissage à lieu2

Pour Emile Durkheim, père de la sociologie moderne, si l’école est garante de l’ordre social par l’homogénéisation des comportements individuels, elle prépare aussi à la division du travail en orientant les élèves vers des formations qui assureront leur fonction productive dans la société3. On note des disparités importantes dans l’Union Européenne, quant à l’âge et au degré auquel cette spécialisation s’opère4.

Assurer cohésion sociale et économique est à la source de l’enseignement obligatoire et institutionnalisé. Annick Percheron, sociologue, parle de destruction créatrice : « l’individu socialisé transforme son comportement pour satisfaire les attentes de la société »Les travaux de Georges H. Mead apporte une nuance positive. Selon lui, l’enfant copie dans un premier temps ses proches « puis il interprète librement les rôles qu’il souhaite, en se confrontant aux règles de comportements imposées par la communauté. Ainsi, dans un même contexte social, plusieurs enfants n’auront pas le même comportement, car leur personnalité les conduira à accepter plus ou moins les règles communautaires, celles-ci en retour n’ayant pas façonné à l’identique les personnalités individuelles ».6


Le défi de la mixité

Les sociologues Pierre Bourdieu et, plus récemment, Camille Peugny, l’ont montré : l’école reproduit les inégalités et échoue dans son rôle d’ascenseur social ; l’accès aux diplômes reste lié à l’origine sociale et ce fait tend à se renforcer7. En cause : la valorisation d’un certain type de capital culturel, distinct de celui dont dispose les familles populaires. Christine Passerieux, conseillère pédagogique explique : « Les codes, les valeurs, le langage de l'institution scolaire ne recouvrent pas nécessairement ceux de la famille. Plus la distance est grande, plus le travail psychique [et]cognitif que devront fournir les enfants sont importants.»8
Or, l’école est un lieu où des enfants d’origines sociales et culturelles différentes peuvent se mélanger et enrichir, ce précieux « capital culturel ». Quand les territoires le permettent… Par exemple, dans son documentaire Swagger, tourné à Aulnay, Olivier Babinet, donne la parole à des adolescents n’ayant jamais côtoyé de français dits « de souche »9. Une enquête auprès de jeunes européens de 16 à 34 ans révèle le sacrifice d’une partie des écoliers : 16% des jeunes de 16 à 17 ans déclarent se sentir ou s’être sentir en souffrance à l’école, 30% s’y sente seul et 16% méprisé10.On parle de « démocratisation ségrégative » du système éducatif11 

La prise de conscience du rôle de l’autocensure dans le choix d’orientation des élèves12et la portée de mouvements sociaux contestataires dans les banlieues ont peu à peu données lieu a des politiques de discriminations positives, tel le dédoublement des classes en CP et CE1 dans les zones défavorisées (pour atteindre moins de 20 élèves par classe), ou les « Cordées de la réussite »13, un dispositif favorisant l’accès à l’enseignement supérieur aux élèves issus de milieux précarisés (notamment par le tutorat entre élèves du supérieur et du secondaire). Mais c’est peut-être le caractère élitiste du système d’orientation, reflet de la psyché collective, qui hiérarchise les formations en fonction d’une vision inégalitaire de la société, fondé sur la suprématie du conceptuel sur le corporel, du col blanc sur le col bleu. 

D’après Muriel Darmon, directrice de recherche au CNRS, c’est en première année de maternelle que le processus de socialisation propre à l’école est le plus visiblecar les enfants y sont préparés à devenir des élèves. L’apprentissage y est plus social que scolaire. Ses travaux éclairent la notion de violence symbolique, propre à Bourdieu, influence infra-consciente de l’école et ses acteurs, qui assure , « L’homogamie sociale est d’autant plus forte qu’elle est relayée par de nombreux mécanismes, aussi bien internes à la classe (l’institutrice peut apparier des enfants qui lui paraissent aller ensemble, le « club des chipies » se rassemble de lui-même autour des livres d’images…) qu’externes (la sociabilité enfantine étant organisée par la sociabilité parentale, les mères qui se connaissent ou se voient en dehors de l’école pouvant par exemple venir chercher alternativement les enfants ou les garder le mercredi)»14. Les discours et pratiques d’obéissance, l’apprentissage du classement, de la catégorisation et de la différenciation, « même de ce qui est objectivement identique» 15 par « l’intériorisation de « catégories de l’entendement »serait pour Darmon «l’apprentissage social d’un principe de vision et de division du monde ».16


Vive la récré !

L’importance du relationnel à l’école, l’influence décisive que l’enseignant-e peut avoir sur le développement d’un enfant, dans des conditions souvent difficiles (classes en sureffectifs, manque de soutien et de valorisation de la fonction…), par son attention aux dons en germe, est un cadeau pour la vie.
Quand on évoque l’école, c’est souvent les amitiés qu’enfants et adultes évoquent en premier. Dans le processus de socialisation, bien plus que les professeurs, ce sont les pairs dont l’influence est la plus grande sur l’enfant. Les temps libres dans la cour de récréation permettent l’apprentissage spontané du vivre ensemble. Les interactions entre enfants d’âges différents sont rendues possibles, les fratries se retrouvent, l’imaginaire se libère. Et se sont bien souvent ces aventures que l’enfant partage le soir à la maison.


1. « Groupes et individus», Cahiers de psychologie clinique, n°31, 2008, https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-psychologie-clinique-2008-2-page-215.htm
2. Maria Montessori, L’enfant dans la Famille, Desclée de Brouwer, 2016
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Socialisation
4. OCDE, L’europe de l’éducation en chiffres, 2016, http://cache.media.education.gouv.fr/file/2016/94/4/depp-EEC-2016_660944.pdf
5. Les grandes questions sociales contemporaines, L’Etudiant, 2007, https://www.letudiant.fr/boite-a-docs/telecharger/la-socialisation-2632
6. L’étudiant, op.-cit.
7. Camille Peugny, Le destin au berceau : Inégalités et reproduction sociale, Le Seuil, 2013
8. Christine PASSERIEUX, Ecole maternelle : La socialisation, un préalable ou une construction scolaire ?, Dialogue n° 108, GFEN : http://www.cndp.fr/entrepot/fileadmin/docs/education_prioritaire/maternelle_edu/Passerieux_Maternelle.pdf
9. Olivier Babinet, Swagger, France, 2016.
10. L’enquête « Génération Quoi » a été menée en France en 2013. En découle, « Génération What » une série de reportages vidéos et une enquête statistique menée dans 9 pays de l’Union Européenne sur les 18-34 ans : http://generation-what.francetv.fr
11. Pierre Merle, La ségrégation scolaire, La Découverte, 2012
12. Camille Peugny parle d’auto-sélection : « à niveau scolaire équivalent, par exemple, les enfants vont avoir des souhaits d’orientation différents selon leur origine sociale», voir son interview par l’Observatoire des inégalités, 2013 https://www.inegalites.fr/La-mobilite-sociale-est-en-panne-entretien-avec-Camille-Peugny-sociologue
13. http://www.cordeesdelareussite.fr
14. Muriel Darmon, « La socialisation, entre famille et école. Observation d'une classe de première année de maternelle», Sociétés & Représentations n° 11, 2001, https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2001-1-page-515.htm
15. Darmon, op.-cit. L’auteur montre comment un objet peut être nommé et utilisé différemment selon le moment et le lieu où il est employé.
16 Darmon, op.-cit.

dimanche 28 octobre 2018

L'instruction en famille : un choix élitiste?


Je partage avec vous le premier article que j'ai rédigé pour Grandir Autrement, pour le numéro 59 dédié à l'Instruction en famille, parût en juillet 2016. Ce numéro du magazine peut-être téléchargé en version pdf pour 2,94€ sur le site de Grandir AutrementVous pouvez également vous abonner, ou abonner un-e ami-e ici. Par votre soutien, vous permettez la diffusion et la normalisation du maternage proximal et de l'éco-parentalité. Notre travail est principalement bénévole.


L'instruction en famille, un choix élitiste ?


L’instruction libre des e­nfants comme prolongement du maternage proximal implique que les parents, qui souhaitent vivre plus de quelques heures par jour avec leurs enfants, composent avec les finances familiales, les besoins de chacun et… l’entourage. Les peurs renvoyées par les proches sont bien souvent la sociabilisation des enfants, la capacité des parents à instruire leurs enfants et la nécessité de « gagner sa vie » et donc de travailler en déconnexion de la sphère familiale (tel que le travail est conçu et perçu majoritairement dans notre société).

Aux États-Unis, l’instruction en famille (IEF) est, depuis peu, vue d’un autre œil. Les grandes universités favorisent l’inscription des adolescents « non-sco » qu’elles considèrent comme plus motivés et plus autonomes dans leurs apprentissages car posant souvent un choix de filière plus conscient. 74 % des enfants instruits librement s’inscrivent à l’université contre 49 % des élèves de l’école publique1et chaque année 100 000 anciens enfants IEF obtiennent un diplôme universitaire2.

Un nouveau regard sur l'IEF

Les nouveaux précepteurs de tendance, les « techies » (i.e.experts en nouvelles technologies) et les partisans de la financial independence3lancent la mode du homeschooling dans l’intelligentsia US. Pour eux, l’école est un frein à la créativité. Ces familles aisées créent de nouveaux marchés pour les écoles privées et les opérateurs culturels qui offrent des cours et services « à la carte » à leur intention. Leur médiatisation comme créateurs d’une nouvelle élite, rafraîchit l’image de la déscolarisation qui, depuis les années 70, est associée à deux groupes aux visions sociétales bien distinctes : les familles chrétiennes soucieuses de l’influence séculaire de l’école publique et son insécurité et le mouvement hippie libertaire dénonçant l’oppression des enfants par un système scolaire autoritaire et patriarcal4.

Le nombre d’enfants déscolarisés augmente chaque année de 7 %, atteignant 3,4 % des enfants en âge d’être scolarisés5. Et pour cause, les statistiques de réussite aux examens nationaux sont en faveur de l’IEF depuis près de vingt ans. L’étude la plus récente, effectuée en 2009 par quinze instituts de sondage indépendants sur près de 12 000 enfants IEF de 5 à 17 ans, a montré que ceux-ci obtiennent en moyenne des résultats nettement supérieurs aux tests nationaux, et ce, dans toutes les disciplines majeures testées. 87 % des enfants déscolarisés obtiennent des notes supérieures à la moyenne nationale, créant un écart de 37 points de pourcentage avec les élèves de l’école publique6.

Malgré un plus grand nombre d’enfants instruits librement, un revenu familial médian inférieur à la moyenne nationale et une plus grande diversité sociale des familles dont ils sont issus, cet écart se creuse au fil du temps.

Au-delà de l’attention personnalisée, du respect des rythmes d’apprentissage et du temps que l’enfant peut consacrer à ses passions, on peut expliquer l’exacerbation de cet écart par l’accélération de la circulation de l’information, viaInternet et les réseaux sociaux, qui favorise la mise en place de groupes d’entraide et d’apprentissage entre familles et l’essor des cours en ligne.

Un outil d’émancipation social


Mais faut-il être millionnaire pour instruire son enfant ? Absolument pas !  L’étude démontre queni le revenu des parents, ni leur origine sociale, ou l’argent dépensé pour leur instruction n’influent sur les résultats des enfants IEF.Ainsi, l’écart de résultats entre les enfants issus des familles défavorisées (qui seraient éligibles à la gratuité des repas en cantine scolaire7) et ceux issus des classes sociales plus aisées est de quatre points de pourcentage dans le milieu IEF contre dix points d’écart pour les écoliers8. L’écart filles/garçons est d’un point seulement en faveur des filles, alors que l’école tend notoirement à les défavoriser au fur et à mesure qu’elles grandissent.

L’IEF apparaît comme un moyen de lutte contre les inégalités sociales tandis que l’école comme outil d’émancipation sociale est un échec avéré (comme Pierre Bourdieu l’a démontré).

En France, une association affirme : « Quels que soient votre niveau d'instruction, votre situation sociale ou votre lieu d'habitation, tout le monde peut pratiquer l'instruction en famille. Il revient à chaque famille de définir ses besoins, ses priorités, de connaître ses limites et de s'organiser en conséquence.10»

Pour Laetitia, maman solo qui a déscolarisé son fils il y a trois ans, l’apprentissage hors de l’école s’est intégré à un changement de vie global lorsqu’elle a décidé de voyager avec lui et de vivre hors du système monétaire. « La vie communautaire et nomade offre un grand nombre de personnes ressources à l’enfant auprès desquelles il peut apprendre au gré de ses intérêts. En un an, Nohé a appris deux langues. Le contact avec la nature aussi est une source d’apprentissage immédiate et vaste. L’enfant a tout à portée de main.» De retour en ville et, à la demande de Nohé, 8 ans, ils ont opté pour un cadre léger. Laetitia a monté son activité d’animation artistique ce qui lui permet de travailler en grande partie à la maison et d’amener son fils avec elle en prestation. « Quand on voit le documentaireÊtre et devenir, on a l’impression qu’il faut être millionnaire pour pratiquer l’IEF. Je ne me suis absolument pas posé la question de l’argent quand j’ai fait ce choix. En grandissant, les besoins de Nohé changent, mais l’offre d’activités “extra-scolaires” et les rencontres entre familles autour d’un apprentissage (fabrication du pain, soins des ânes, etc.) offrent plein d’opportunités accessibles.»

Pour Agathe, maman de trois enfants de 2, 7 et 9 ans, instruits librement, pratiquer l’IEF se conjugue aujourd’hui avec simplicité volontaire. Ce fut d’abord un choix par défaut : « Je croyais que la panacée pour mon enfant, c’était une école Montessori et puis, quand j’ai rencontré le groupe de familles non-sco à Paris, c’est devenu un véritable choix. J’ai aussi compris que j’avais besoin d’être en relation avec mes enfants pour réparer mon histoire familiale. Avec l’IEF, nous pouvons devenir les parents que l’on souhaite.» Pour elle, pratiquer l’IEF, c’est respecter la nature profonde de l’enfant et lui assurer un parcours singulier tissé de la culture qu’il se forge au fil de ses intérêts et de ses rencontres. «Mon fils aîné réclame d’être boulanger depuis toujours. S’il le devient, ce sera par choix et pas parce que l’école l’aura décrété trop mauvais pour faire autre chose. Du coup, c’est aussi une autre société que l’on choisit.»

Et si cette nouvelle « élite » en devenir était composée, non pas de l’excellence intellectuelle, mais de jeunes gens plus épanouis, plus connectés à leur famille et leur environnement ?

Agathe est une ex-institutrice : « Quand on me demande si les parents ont assez de culture pour pratiquer l’IEF, ça me fait horreur car de quelle culture parle-t-on et qui en a le monopole ? L’école ?». Sabrina, mère de deux enfants déscolarisés depuis cette année, s’insurge également : « L’intelligence et la culture ne sont pas l’exclusivité des classes aisées. Mon grand-père, ouvrier, avait pour livre de chevet le dictionnaire alors qu’il n’était jamais allé à l’école. Même avec un petit budget, avec les bibliothèques et Internet, on peut étancher sa curiosité d’apprendre. Les enfants en IEF dissocient moins l’apprentissage du jeu et de la vie en général. Chaque rencontre est une ressource.»

Travailler et instruire librement


Mais comment gérer cette « disponibilité totale discontinue11» à ses enfants tout en gagnant sa vie ? Outre la flexibilité de son activité professionnelle, Laetitia s’est tournée vers le parrainage laïc. Son fils a noué une relation familiale forte avec un couple bouddhiste homosexuel sans enfants. Tout le monde y gagne : « Ce n’est pas moi qui planifie leurs rencontres, il les appelle lui-même». Sabrina et son compagnon ont opté pour deux temps partiels « afin que les enfants aient deux points de vue différents et qu’il n’y en ait pas un qui reste plus que l’autre à la maison. On a peu de temps en famille au complet ou en couple mais on se couche et se lève tard pour se retrouver. L’IEF, c’est surtout réorganiser sa routine». Leur budget les place juste en-dessous du seuil de pauvreté. Quand ils ont choisi l’IEF ils se sont demandé si, justement, c’était l’apanage d’une certaine élite : « Et puis non ! Quand nos enfants étaient scolarisés tous les mois, il y avait des dépenses supplémentaires pour les sorties ou autres. L’IEF nous coûte un peu moins cher que l’école (pas de cartable ou de fournitures obligatoires) mais la différence, c’est que l’argent que l’on dépense, nous en profitons aussi : on va au musée et au théâtre avec eux !»

Quant à Agathe, qui a quitté Paris depuis un an pour une expérience nomade en famille, en s’offrant le temps, la question financière devient secondaire : « C’est maintenant que mes enfants ont besoin de moi. Travailler, je peux le faire plus tard. Les enfants sont par essence imprévisibles et nous obligent aucarpe diem. Avec l’IEF et la route, on rentre dans une autre temporalité, on apprend à se laisser guider et l’on goûte à la générosité de la vie. Ce qui me nourrit, ce sont les rencontres et la vie dans la nature. Le reste devient secondaire. Même si le mode de vie que l’on quitte nous nourrit encore, nous faisons déjà l'expérience de la récup’, des échanges avec d'autres qui nous confortent dans le fait qu'on peut vivre autrement et mieux.»

Une nouvelle élite épanouie et consciente


Mais quid des facilités d’apprentissage ? Faut-il avoir un enfant précoce intellectuellement pour pratiquer l’IEF ? Aux États-Unis, 24,5 % des enfants IEF sont « en avance » par rapport à leur pairs scolarisés et seulement 5 % sont en situation de « redoublement »12. En France, seulement 12 % des membres de l’association LAIA (Libres d’apprendre et d’instruire autrement)ont choisi l’IEF parce que leur enfant présente des facilités d’apprentissage13.

À l’heure où diagnostiquer son enfant « haut potentiel »est une source de fierté chez certains parents, il est bon de rappeler qu’Howard Gardner a défini huit types d'intelligence14et que l’IEF est une voie rêvée pour développer le potentiel d’un enfant doué autrement que scolairement.

Et c’est là où réside la beauté de l’IEF quand elle appliquée pour répondre aux besoins de l’enfant, favoriser la pleine éclosion de sa créativité et lui permettre d’intégrer la société à son rythme, sans compétition et sans jugement imposé, pour y participer en tant qu’être respectueux de lui-même, d’autrui et de son environnement.

___________________________________

3 - Travailler d’arrache-pied pendant dix ans puis prendre sa retraite à 40 ans et fonder une famille.
4 - Les figures de proue de ces deux mouvements sont Raymond Moore, qui a montré que l’apprentissage formel et institutionnalisé avant l’âge de 12 ans est source de nombreux troubles tels que la myopie, la dyslexie ou l’hyperactivité, et John Holt, le père du« unschooling », c’est-à-dire l’apprentissage par la vie et son abondance d’expériences.
7 - À ce propos, on peut déplorer que les familles IEF défavorisées ne reçoivent pas l’équivalent financier de cette aide, mais certains états accordent désormais des déductions fiscales aux familles IEF. Encore faut-il être imposable…
8 - Average national assessment of education progress science and reading scale score, National Center for Education Statistics, 2009.
9 - voir Pierre Bourideu et J-C Passeron,Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Les Editions de Minuit, 1964 et, des mêmes auteurs, La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d'enseignement, Éditions de Minuit, 1970.
11 - Les plumes de LAIAn° 9, septembre 2008, p.13.
13 - http://laia-asso.forumpro.fr/t7-pourquoi-les-familles-font-elles-le-choix-de-l-ief
14 - L'intelligence linguistique, logico-mathématique, spatiale, musicale, corporelle-kinesthésique, interpersonnelle, intrapersonnelle, naturaliste.




vendredi 24 août 2018

Ouvrages anti-sexisme et/ou pro-diversité pour les 4-7ans et plus

updated 25/01/2019


En cheminant sur les listes citées dans mon article "Représentation de soi, sexisme, racisme : des ressources pour nos enfants" voici ceux que j'ai sélectionnés pour mes enfants, en ajoutant un filtre "parentalité positive" (sachant que je ne les ai pas encore lus et que, de manière générale, lorsqu'une phrase ne me plait pas dans un livre, j'en parle avec les enfants et nous la ré-écrivons !). 

En gras ceux qui mettent en scène des enfants noirs ou métisses dont on peut 
lire, pour la plupart, une critique sur le site de Mistikrak

Notez que la librairie Tulitu, rue de  Flandres à Bruxelles proposent de nombreux ouvrages féministes, queer, et LGTB, avec une sélection jeunesse (Merci à Sarah de me l'avoir rappelé) et que l'on peut y passer commande surtout pour les ouvrages canadiens qui sont nitreux dans cette liste. 

Les liens ici pointent vers Amazon qui me reverse 3% sur les commandes sous forme de bon d'ahan pour d'autres livres.


Je viens de commander :

  • Le collectionneur de mots de Perer Reynolds Verdict :  grand succès auprès d'Anouk et Nelson ! Nelson adore déchiffrer tous les mots et apprendre leur signification. Anouk aussi joue avec. Ils adorent tous les deux ! Le message finale est beau, doux, paisible, inspirant.
  • Rien du tout ! de Marie-Hélène Jarry & Amélie Dubois Verdict :  Je trouve ce livre tout doux et poétique. J'aime bien que ce soit le père de la petite fille qui dialogue avec elle. Anouk a souhaité le lire quelques fois mais c'est un peu braquée quand deux de mes amies (blanches) lui on fait remarqué comme la petite fille lui ressemblait. J'étais un peu gênée moi aussi car ok l'héroïne est une petite fille métisse mais la resemblance s'arrête à priori là... J'ai essayé de verbaliser tout ca et le verdict a été: "d'accord alors elle ressemble à ta maman!" Et Anouk de rétorquer, "non maman n'est pas une petite fille!". Et toc :) 
  • Le petit livre pour apprendre à dire non de Dominique Saint Mars et Serge  Bloch (se défendre contre le harcèlement et les abus émtionnels, physiques, et sexuels). Verdict :  c'est une perle ! Les illustrations BD parlent beaucoup aux enfants qui en sont curieux car elles poignet souvent de situations qu'ils ne connaissent pas (comme les notes à l'école). Après la lecture de chaque situation, on invente des situations similaires (sérieuse ou loufoques) et on essaye de trouver comment dire non? Partie de rire assuré : "dis, tu veux que je repeigne ta chambre en marron caca?!"
  • La Princesse Attaque : un livre dont tu es le héros ou l'héroïne de Delphine Chedru. Verdict : On aime le lire ensemble et discuter des choix de scénario, qui entrainent l'attention et la mémoire. Souvent Nelson et Anouk ont des choix différents alors parfois on revient en arrière pour voir ce qui se passe si on fait autrement.
  • Moi, je m’aime ! de Karen Beaumont & David Catrow  Verdict :  Pour les plus petits: 3/4/5 ans. Anouk tinte sur le nez de cochon et la première page où il est écrit "personne ne me fait envie". L'auteure est canadienne. J'ai traduit cela en "elle ne jalouse personne, elle n'ai pas envie d'être quelqu'un d'autre qu'elle-même" (ce qui est plus explicite plus tard). C'est drôle comme la ligne est fine entre amour de soi et narcissisme; et je crois que l'on a tous un peu peur ou honte de s'aimer vraiment pleinement, entièrement. C'est tout un apprentissage ! Autant commencer petit !
  • Maïa qui aime les chiffres de Romana Romanyshyn, Andriy Lesiv Verdict :  Très beau livre. C'était pour Nelson mais à 7 ans, HP, méga doué en math, c'est un peu tard ou peu intéressant.

Sur la liste pour la prochaine commande :

  • Les sauvages Mélanie Rutten (j'adore l'univers de Mélanie Rutten) 
  • L’Avie d’Isée de Claude Ponti (fille aventurière et futée, univers magique et absurde de Claude Ponti) => pas encore commandé.
  • Comme un million de papillons noirs Laura Nsafou (alias Mrs Roots) =>  il me semble que l'univers cour de récré d'école publique à "Babylon" est trop éloigné du monde quotidien de mes enfants.  Peut-être pour une de mes nièces. Il existe aussi désormais Little Nappy : quand ma maman m'apprends à prendre soin de mes cheveux, présenté ici chez Mistirak.
  • Le masque de Stéphane Servant, Ilya Green (nous délester des étiquettes et des rôles que l'on portent malgré soi)
  • Un Voyage Sans retour de Gaspard Njock pour les plus grands, qui aborde la question de l'exil des jeunes camerounais, pays d'origine de mon père et parle des jeunes réfugiés qui débarquent (ou pas) sur les côtes européennes. Une réalité très proche de notre famille puisque trois de mes jeunes cousins ont fait le voyage. L'un d'entre eux a péri en mer (à 15 ans), les deux sont sans papier dans deux pays différents du sud de l'Europe (l'un d'un est mineur). ~ Présenté chez Mistirak ici.

En Italien : 


Un beau livre coloré  "I mille perché di Dino Ricciolino" de mon amie Chiara Batistelli. Dino, le personnage principal est un garçon noir, et sa maman est blanche, ce qui ne change rien à l'histoire.  Avec lui, on découvre le monde des abeilles avec des explication scientifiques et didactiques sur leur travail et sur la nature. C'est exactement le genre de livre que je voudrai voir d'avantage accessibles et mis en avant.


J’aime aussi :


Pour plus grands (à partir de 7 ans?) :


A découvrir aussi :

  • Un air de famille de Moni Port, Philip Waechter 
  • Chez un père crocodile de Malika Doray 
  • Akiko la courageuse petit conte zen d’Antoine Guilloppé 
  • Jacotte de Géraldine Collet, Estelle Billon-Spagnol 
  • La nuit de Valentine de Hélène Vignal, Isabelle Charly 
  • Achile et la rivière d’Olivier Adam, Ilya Green 
  • Ti Poucet de Stéphane Servant, Ilya Green 
  • La Princesse Attaque de Delphine Chedru 
  • Le petit chaperon bleu de Guia Risari, Clémence Pollet 
  • Zizi et zezette de Camille Laurans et Jess Pauwels
  • Overdose de rose de Fanny Joly et Marianne Barcilon
  • A quoi tu joues ? de Marie-Sabine Roger & Anne Sol
  • Un petit loup si doux de Gerda Wagener & Jozef Wilkon 
  • D’une île à l’autre de Nadine Brun-Cosme, Sylvie Serprix 
  • Nos beaux doudous de Stéphane Servant, Ilya Green 
  • Orient express de Delphine Chedru 
  • Vive l’anarchie ! de John Jana 


RQ : ceci est mon 300ème article sur BLO :)


Les Trois Lunes, liste 2015

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