Photo : Lotus Jonhson sur Flickr |
Cela fait un moment que
j'ai envie d'écrire sur les lunes (leur première apparition, leur retour après
une naissance) mais aussi sur la sexualité, chamboulée par l'arrivée d'un ou
plusieurs enfants, par la vie de famille dans ce qu'elle a de chronophage et d'énergivore,
sur la transformation du couple d'amants en "couple
parental"...
Bref, j'ai envie de
parler de féminité, d'éveil et de réveil à la sexualité, à la sensualité
amoureuse.
Ce sujet est trop
vaste, alors je vais commencer parce ce que je sais, ce que j'ai expérimenté et
les pistes de réflexions aux questions que je me pose.
Quand on explore en conscience son mode de vie et que l'on cherche d'autres modèles que le prêt-à-penser-et-consommer, au même titre que l'alimentation, la santé, l'éducation, la mobilité, l'habitat, la sexualité et le rapport au corps aussi sont des domaines à se ré-approprier et ré-inventer.
Quand on explore en conscience son mode de vie et que l'on cherche d'autres modèles que le prêt-à-penser-et-consommer, au même titre que l'alimentation, la santé, l'éducation, la mobilité, l'habitat, la sexualité et le rapport au corps aussi sont des domaines à se ré-approprier et ré-inventer.
Retour de couches, premières lunes : changer de vocabulaire pour une nouvelle perception.
Cela fait plus d'un an que je m'éveille à la célébration du féminin, par les cercles de
femmes, la spiritualité chamanique, et la lecture d'ouvrages de référence
comme Lune rouge de Miranda Gray.
Dans son livre (qui se télécharge gratuitement facilement sur internet et dont j'ai trouvé l'écriture maladroite mais les propos intéressants) Miranda Gray m'a appris que le cycle
féminin est intimement lié à la lune et que les saignements apparaissent soit à
la nouvelle lune, soit à la pleine lune. La contraception hormonale coupe bien
évidement ce lien lunes - lune. Le stress, la vie en ville, la maladie, et
d'autres facteurs, dérèglent aussi les cycles. Quoi qu'il en soit, j'ai adopté
ce nouveau terme de "lunes", pour désigner les règles. Cela me
semble bien plus doux et porteur de plus de sens.
Lorsque ma fille a eu 20
mois, et que ma nature cyclique a repris sa double teinte blanche et rouge, mon
compagnon m'a surprise en célébrant cette occasion et en m'offrant un symbole :
une superbe amaryllis rouge. Cette événement nous a permis de nous interroger
sur ce que nous souhaitons transmettre à nos enfants en terme d'images, de
connaissances et de ressenti quand à leur corps, leur genre, les lunes, la
sexualité.
Si vous interrogez les
femmes autour de vous, bien souvent l'apparition des lunes a été un moment
traumatique de leur histoire personnelle. Beaucoup se sont senties peu accompagnées,
mal accueillies dans ce passage important de leur vie de femme. Il me semble important que les pères, comme
les mères, s’interrogent sur leur perception des femmes et des lunes, pour être
conscients de ce que l’on transmet malgré soit mais aussi, pour accompagner au
mieux leurs filles (surtout quand on pense à la multiplication des séparations
et des gardes alternées, qui font que les pères doivent pouvoir accompagner
positivement leur fille sur cet aspect en l’absence de leur mère).
Bref, voici les pistes que j'ai trouvé pour le moment :
- Comme Nelson (5 ans) a
voulu savoir comment on fait les bébés, nous lisons La naissance d'Agnès
Rosenstielh, l'auteure de Mimi Cracra. C'est beau, sensible, véridique et très
70's. Anouk (2,5 ans) demande aussi souvent qu'on le lise (mais elle tourne rapidement
la page sur les explications biologiques). Pour les enfants de 2 à 7 ans.
- Pour les enfants un
peu plus agés et les pré-ados, il existe un super conte auto-édité: Le trésor de Lilith – un conte sur la sexualité, le plaisir et le cycle menstruel, de
Carla Trépat Casanova.
- Pour les ados et
leur(s) parent(s) du même genre, il y a les sessions Cycloshow, qui comportent
des temps avec et sans parents et durant lesquelles certains adultes apprennent
aussi des choses sur leur corps et celui de l'autre !
- Toujours pour les ados, le site Education Sensuelle offre une approche objective, amoureuse et
gourmande aux questions des ados. Bien plus sympa qu'un cours de bio.
- Les tentes rouges, les
cercles de femmes ou les cercles d'hommes, notamment les Nouveaux Guerriers,
bref tous les rassemblements non-mixtes dans lesquels les ados sont plus que
bienvenus pour des rites de passage, des cérémonie de transmissions et de
partage, tout en douceur.
- Je suis en train de
lire Les 13
mères originelles : La voie initiatique des femmes amérindiennes de
Jamie Sams, un livre sur les légendes amérindiennes des 13 Mères Originelles, pour
se reconnecter au féminin sacré (c’est à dire le principe féminin, présent
chez les hommes et femmes), s’initier à la Médecine des Femmes et guérir sa part féminine
(blessé par des siècles de domination masculine et d’abus), et le
réconcilier avec sa part masculine (en tantra on parle du "masculin divin"). Chaque chapitre correspond à un mois lunaire.
- on me conseille aussi
Les trésors du cycle de la femme. Je ne l’ai pas lu mais il y a quelques années,
j’ai dévoré “Femme!” de Nathalie Angier (ouvrage malheureusement épuisé).
Body positivity et mouvement queer : amour de soi et reconquête de son aspect physique
Ce mouvement lancé aux States pourrait en gros se résumer à : “cessons
de vouloir plaire et aimons nous !” Il y a plein de videos YouTube à ce sujet qui
donnent des frissons de liberté et de révolte.
Il y a quelques mois, j’ai
regardé le documentaire “A quoi rêvent les jeunes filles” d'Ovide, sur la sexualité des jeunes
filles hétéros en France. Réalisé par une activiste féministe de ma génération,
ce documentaire est une bombe pour nous femmes de tout âges et pour nous
parents qui ne sommes pas de la génération “millenial” ou génération Y (celle
née autour de l’an 2000, nos ados quoi). Ce
qui m’a le plus touché c’est le leurre si facile et si terrifiant entre croire
que l’on se réapproprie sa sexualité et, en fait, gober tous les fantasmes,
désirs, attentes, stéréotypes masculins, bref, toute l’imagerie sexuelle générée
par des années de domination masculine occidentale. Regarder ce documentaire
vous éclairera plus que mes commentaires mais la question qui m'anime est : comment se
reconnecter à ses désirs profonds et retrouver une réelle créativité sexuelle
délivrée des diktats masculins. Pour moi, panamoureuse, cela s’applique aussi aux relations
homosexuelles, tant l'ensemble de nos schémas mentaux est conditionné par notre structure sociale, toujours aussi patriarcale. Le tantra
(voir plus loin) dans son approche de réconciliation du féminin (sacré) et du masculin (divin) présent en chaque être est, pour moi, une belle inspiration dans ce chemin vers l'autre et vers soi dans la
sexualité.
Pour revenir à la body
positivity, il me semble que ce mouvement va de paire avec le mouvement queer qui peut se résumer en l'abolition des diktats et des clichés liés au genre. Au quotidien, je pourrais traduire cela
en : “Je suis la femme que j'ai envie
d'être et pas celle qu'on m'impose. J'ai du poil sous les bras, les mollets,
la lèvre supérieure et les orteils et alors? Les hommes aussi, non? Et si j'aime le maquillage et les
mini jupes tant mieux car c'est mon choix. ET JE M’AIME”.
Ces bonnes intentions envers soi-même et son image
s’applique bien évidement aux hommes et à nos petits garçons, qui peuvent pleurer,
porter du rose, des robes et du moulant et préférer les jouets “de filles”.
Coupe menstruelle: le pied?
Je me rends compte que
beaucoup de femmes, notamment en France ne connaissent pas la coupe
menstruelle. Que dire alors de l'élimination naturelle du flux !? Avec des
enfants en bas âge, cette pratique ancestrale et universelle, me semble difficile à mettre en oeuvre (puisque l’on
est fort centré sur leurs besoins à eux et peu disponible pour soi) mais, l'usage de la coupe m'apparait comme un bon début
pour retrouver le contact avec ce flux de sang qui n'est ni sale, ni honteux et
fournit un super fertilisant aux plantes.
L'utilisation de la
coupe nécessite quelques cycles d'exploration et d'apprivoisement, ce qui est
une occasion parfaite pour mieux connaître son anatomie. Pour celles qui ont un
périnée moins tonique (à cause des naissances notamment) il existe chez Me Luna
un modèle soft, un modèle short pour les utérus un peu descendus, mais
aussi un modèle sport conseillés aux plus toniques ou pour la pratique du yoga notamment (bon, en yoga normalement, certains exercices sont déconseillés pendant les lunes. Tout comme en massage thaï, on évite les inversions). Tout ça en vente par internet car les
magasins bio ne proposent que des modèles standard (quand ils le font...). Pour ma part, j'ai deux coupes, une Lady Cup et une Me Luna. et j'alterne selon
l'abondance et l'activité. TMI? :)
Il faut préciser que certaines femmes ne peuvent pas utiliser de coupes, notamment celles qui souffre de vaginisme. Si c'est votre cas, rassurez-vous, vous n'êtes pas seule et on en sort, avec beaucoup de douceur pour soit et pour ce que cette épreuve peut mettre en lumière.
Il faut préciser que certaines femmes ne peuvent pas utiliser de coupes, notamment celles qui souffre de vaginisme. Si c'est votre cas, rassurez-vous, vous n'êtes pas seule et on en sort, avec beaucoup de douceur pour soit et pour ce que cette épreuve peut mettre en lumière.
Tantra : une source d’inspiration et d’éveil inépuisable.
Le tantra est mal
perçu et mal connu en occident. C'est une source inestimable de sagesse,
d'équilibre intérieur et relationnel. Pratique spirituel, respiratoire et
physique, on distingue le tantra blanc, celui de l'esprit, du tantra rouge,
celui de la rencontre de soi et de l'autre par la sexualité.
A Bruxelles, j'ai été
initiée au Studio La Limite avec Elle, une personne lumineuse et généreuse qui
attire dans ce sanctuaire moderne et expérimental, en plein Schaerbeek, de
belles âmes en transition. On y trouve aussi des sessions de
méditations, des massages et un monastère expérimental. Encore une fois, je précise pour éviter toute méprise : il ne s’agit pas de pratiques érotiques. C’est
un lieu apaisant, inspirant, ressourçant. S'offrir un espace et un moment pour
prendre soin de sa sexualité, par le biais d’une pratique qui intègre les autres dimensions
de notre être (spirituelle, relationnelle, émotionnelle, physique, etc) est un
bienfait en soi.
Des livres pour s’initier :
J'ai lu Making Love de
Barry Long (en français : Faire l'amour de manière divine) qui n'est pas tendre avec les hommes dans son
explication du manque de créativité et spiritualité dans la sexualité telle
qu'elle est le plus souvent imaginée, perçue et vécue. Elle, du Studio La Limite, m'a conseillé la
trilogie de Mantak Chia : La femme multi-orgasmique, L'homme multiorgasmique et
Le couple multiorgasmique. Malgré ce que les titres peuvent évoquer dans notre
esprit conditionné par l'imaginaire masculin, il ne s'agit pas de performance
mais de pratiques visant la découverte de soi et de l'autre et la rencontre de
quelque chose de plus grand, d'une énergie de vie (la Kundalini), du
divin.
Je viens de
commander, Le seul désir de Marc Baré, sur spiritualité tantrique et L'amour et la solitude d'André Comte-Spongille qui m'éclairera peut-être sur les
questions de fidélité, de polyamour et d'engagement. A propos d'engagement je conseille le
livre de Christiane Singer: Eloge du mariage, de
l'engagement et autres folies (et
bien sûr, comme source d'inspiration et de confiance en la vie et en soi : Où cours-tu ne sais tu pas que le ciel est en toi).
J'ai aussi assisté à quelques conférences (en live et sur internet) de Diane Bellego dont le vocable est hautement spirituel et peut décourager les novices.
Bonne lecture, bonnes réflexions, bonnes pratiques. N'hésitez pas à partager ici ce qui peut nous éclairer tous et toutes.
Pour partager de manière moins publique et entre femmes, j'ai créé un cercle de femmes virtuelles sur le modèle de la liste Parents Conscients. Vous pouvez vous inscrire sur le site yahoo group De Lune à L'Autre ou écrire à l'adresse : delunealautre-subscribe(at)yahoogroupes.fr
Namaste.
update au 9/11/16 : j'ai remplacé le terme "polyamour" dans le paragraphe sur l'attitude queer par "panamour". Même si le premier me questionne et a fait partie de ma vie amoureuse, c'est le second qui me définie plus justement.
J'ai aussi assisté à quelques conférences (en live et sur internet) de Diane Bellego dont le vocable est hautement spirituel et peut décourager les novices.
Bonne lecture, bonnes réflexions, bonnes pratiques. N'hésitez pas à partager ici ce qui peut nous éclairer tous et toutes.
Pour partager de manière moins publique et entre femmes, j'ai créé un cercle de femmes virtuelles sur le modèle de la liste Parents Conscients. Vous pouvez vous inscrire sur le site yahoo group De Lune à L'Autre ou écrire à l'adresse : delunealautre-subscribe(at)yahoogroupes.fr
Namaste.
update au 9/11/16 : j'ai remplacé le terme "polyamour" dans le paragraphe sur l'attitude queer par "panamour". Même si le premier me questionne et a fait partie de ma vie amoureuse, c'est le second qui me définie plus justement.
6 commentaires:
Merci pour ce billet vraiment très intéressant, sincère et juste.
Merci pour cet article Anais.
Au passage, je suis à la recherche d'un ouvrage pour enfant autour de la naissance ou on verrait une femme accoucher autrement que sur le dos. Si quelqu’un a des pistes, merci de partager!
Pauline
Merci beaucoup Larissa! Ton message me va droit au coeur. J'espère que votre automne est doux.
Merci Pauline! A vue de nez je n'en connais pas... dans La naissance, la mère accouche sur le dos mais on dirait un accouchement non assisté ;) des bises
Que j'aime cet article (qui me semble en fait être plusieurs articles tant il est riche de références et de réflexion). Merci ! Et "De lune à l'autre", que c'est beau.
Merci mille fois Alys ! Ca me fait très plaisir. Plein de joie pour toi et ta jolie famille.
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