vendredi 24 août 2018

Représentation de soi, sexisme, racisme : des ressources pour nos enfants

extrait des dépliants de Maman Rodarde à télécharger sur son site

La fille métisse d'une amie blanche écrit une thèse sur la représentation de soi des enfants métisses en Allemagne et du racisme inconscient de leur entourage et notamment du parent blanc. C'est un éclairage stupéfiant sur l'intériorisation du racisme par tout un chacun, même quand on s'en croit à l'abri.

Je me demande ce que mes enfants ont intégré comme stéréotypes sexistes, racistes, spécistes, etc. Je me demande comment ils se perçoivent eux-même en tant que fille, garçon, métisse blond, métisse brune, enfants de couple mixte, enfants vegan, enfants de parents polyamoureux, etc.

Connaissez-vous le test de la poupée? Je vous laisse le découvrir... 




Remarque : il existe une version plus longue sans sur-titres français avec d'autres groupes d'enfants, notamment asiatiques et latino-américains. Notez que les résultats sont les mêmes.


Enfant, j'ai souffert comme beaucoup des étiquettes et des jugements des autres. On y passe tous mais notons qu'il y a des catégories qui n'y échappe pas, et ce, toute une vie, même dans les interactions les plus mineures du quotidien.

Alors voilà, je me retrouve maintenant dans le rôle de la mère de la fillette métisse et j'aimerai empowered ma fille plus que je ne l'ai été. Et mon fils aussi. Pour qu'ils se sentent bien dans leur genre et dans leur peau.

L'avantage que j'ai sur mes parents c'est que ma mère étant blanche, elle pouvait plus difficilement comprendre ce que je vivais et mon père, noir, faisait tellement d'effort pour que ma soeur est moi passions pour de bonnes françaises de souche, qu'il vivait dans une sorte de déni. Impossible pour lui que nous soyons visées par le racisme, il encaissait beaucoup trop lui même pour pouvoir entrevoir notre souffrance. Autre avantage : les temps changés ! La seconde et 3ème génération d'immigrés est plus outillée que ses aînés. Voir par exemple les blogs : les bavardages de Kyémis (France, queer, 20ans, pur régal), Mrs Roots (Québec, auteur d'un livre pour enfants), le collectif afroféministe Mwasi (France) et la revue littéraire et artistique Ayaté (France).

Je suis donc en pleine exploration de pistes pour permettre à mes enfants d'avoir une représentation d'eux même positive et de cultiver leur tolérance face à la différence, de se libérer du diktat de la norme, si chère à mon papa.

S'affranchir de la norme 


La norme c'est quoi? C'est le prêt-à-penser institutionnalisé par des acteurs au pouvoir écrasant qui se nourrit de notre docilité : la pub, les médias (y compris l'industrie cinématographique et télévisuelle de masse qui handicape voire annihile la capacité de libre-pensée de nos enfants et la nôtre), les discours officiels relayés entre autre par le mode médical et l'école, manipulés par les lobbies de l'industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, informatique, du tabac, etc.  L'ensemble des idées diffusées modèlent la psyché nécessaire à la reproduction du système patriarcal capitaliste dont l'archétype, au sommet de la pyramide sociale, est l'homme hétérosexuel blanc de 40 ans avec un bon CDI et propriétaire (de son logement, ses gosses, sa femme, son assurance-vie, etc.).

C'est ce qui nous donne envie d'avoir (des enfants sages, un beau corps, l'éveil, un amant plus doué, etc.) plutôt que de nous accepter dans l'instant tel qu'il est. Vous vous croyez à l'abri? Ce super article du blog Famille à l'Ouest est un très bel exemple et un bon moyen de se réveiller quand on roupille encore : Le prix de la meilleure « maman Montessori »

Ces agents du système tissent une moralité bienséante et traditionaliste servie non-stop H24-7/7 y compris par nos amis, nos collègues, nos parents, etc... sauf si on se débranche ! A ce sujet je vous recommande l'un de mes articles préférés : Le regard des autres : vivre ses choix de maternage avec sérénité.

Comment contre-carrer les messages sexistes et racistes subliminaux ou frontaux reçus par mes enfants (4 et 7 ans)? Comment les sensibiliser à leurs droits pour que leur ouverture d'esprit naturelle perdure malgré le conformisme ambiant? Même si l'on vit dans un milieu conscient assez libre, voire libertaire, il n'empêche : le racisme et le sexisme sont comme le carnisme, tellement intégré qu'on ne le perçoit plus que dans les cas extrêmes.

Les solutions pour soutenir nos enfants 


On transmet déjà beaucoup par l'exemple. 

Pour ça, je crois ne pas être trop à la masse mais j'ai encore du travail, notamment pour poser des limites claires (avec les personnes qui m'impressionnent) et accepter mon corps plus encore. Je ne vais pas faire de liste de ce que je fais ou ne fais pas (quoique ça pourrait vous inspirer) parce qu'être féministe ce n'est pas, par exemple, s'épiler ou pas (c'est un exemple). Mais, dans le cas de l'épilation, se poser la question "pourquoi je le fais?" et répondre avec honnêteté en écoutant son coeur et pas sa tête, c'est déjà une démarche vers l'amour de soi et l'affranchissement aux diktats extérieurs (qui créent des diktats intérieurs durs à dégommer...). 

Il n'empêche, hier ma fille m'a dit : "les femmes restent à la maison et les hommes travaillent à l'extérieur"... What? Parce qu'il fait chaud et que j'aime travailler sur mon ordi au frais, et que la plupart des hommes ici travaillent au jardin, à la construction ou dans l'atelier qui est à l'extérieur. 

Dans notre communauté, les jeux entre enfants s'établissent souvent en fonction du genre. Je me demande pourquoi. La tribu d'enfants commence aussi à s'intéresser à l'anatomie de chacun. Les garçons  essaient parfois de contraindre les filles et ont besoin de guidance pour percevoir les limites et comprendre le respect du non et le concept du consentement. Les filles font parfois les mièvres et font semblant d'avoir peur pour qu'ils leur courent après... (Oups, je crois que je fais parfois la même chose...) Il y a aussi cette petite fille blonde qui s'abreuve d'histoire de princesse, s'habille en princesse... C'est une super amie pour ma fille mais je vois bien que ça la questionne (et moi aussi). On a acheté des jolies robes et un déguisement de princesse mais je souhaite l'aider à garder sa spécificité (et j'observe que c'est important pour moi d'avoir une fille qui n'est pas gnangnan...tiens, tiens est-ce que je suis assez cool avec ça?...).  


Observer nos comportements, nos schémas, les accepter aussi et voir ce qui nous sert et ce qu'on veut transmettre, sans brimer les élans explorateurs de nos enfants. 


Pour se prémunir des stéréotypes de genre  :

Les dépliants de Maman Rodarde (sa photo)




* Les super dépliants réalisés et offerts par Maman Rodarde pour les filles (il y a 2 fichiers) et pour les garçons. Cette super maman à aussi choisi de représenter des personnes racisées (i.e. qui subissent l’assignation à une supposée race) et des personnes transcende. Je les ai imprimés, découpés et mis dans un bocal dans la cuisine à l'intention des enfants et adultes de la communauté. J'en ai aussi imprimé pour que les enfants les partagent en classe.

* Les affiches à imprimer d'Elise Gravel : il y en a une sur les filles, une sur les garçon et une très intéressante sur le consentement. J'ai moins aimé celle sur les différences. Elise Gravel met aussi gratuitement à disposition des livres à imprimer en français et en anglais (artsy boys, smelly girls) pour déconstruire les stéréotypes de genre.

* Le super blog Fille d'Album qui présentent des alums jeunesse et des romans anti-sexistes. (Ce blog est désormais repris dans la liste de liens féministes de BLO)

* Les listes d'ouvrages anti-sexistes sur les site Les Trois Lunes : 2015 et 2013 (la liste 2017 traite plutôt de la parentalité).

* Un webzine à télécharger sur l’antisexisme sur le site de La mare aux mots et  aussi une page instagram qui reprends tous les ouvrages présentés sur le site.

Pour se prémunir d'une représentation biaisée de la société dans la littérature jeunesse et nourrir une représentation positives des enfants racisés :

Le blog Mistikrak d'une maman bibliothécaire québécoise qui recensent et promeut les ouvrages représentant des personnages racisés (i.e. qui subissent l’assignation à une supposée race). Ce qui est très intéressant c'est qu'elle décrypte la représentation implicite et explicite du-dit personnage : est-ce un personnage secondaire ou primaire? sa couleur change t-elle quelque chose à l'histoire? est-il stéréotypé (par ex. pauvre enfant de banlieue ou enfant sauvage en Afrique) ? J'aime particulièrement sa sélection de livres sur l'acceptation de soi.

- en anglais : The brown book shelf un blog américain, pendant de celui de Mistikrak.

Pour l'instant j'en suis là.

* Etre plus consciente de mes blessures et de mes ressources. 

* Incarner plus consciemment mon statut de mère afroeuropéenne d'enfants racisés : c'est à dire apporter de l'attention à cet composante de mon être et de mes enfants pour l'intégrer pleinement à mon maternage (comme je le fais pour le veganisme ou d'autres choix d'éducation par exemple).

RQ : je le répète, racisé veut dire susceptible d'être victime de racisme. Notez que "racisé" c'est un adjectif, pas un nom, car utilisé comme nom il perd son sens, voir l'article de Sarah-Jane Fouda dans Le Monde à ce sujet). 

* M'épanouir dans ma féminité et ma sexualité.

* Jouer avec les archétypes & les stéréotypes en général et ramener une dose d'humour (sans que ce soit une fuite).

* Partager mon cheminement avec leur père et les adultes et enfants qui interagissent avec nous (communauté, grand-parents, écoles, amis, etc.).


pour Natura Spirit, photo : Emilia Drake.

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