mercredi 3 juillet 2013

Communication non-violente: remplacer la punition, résoudre les conflits

Image tirée de la brochure du Conseil de l'Europe sur la Parentalité Positive


Voici mes notes de l'atelier 3 (et bientôt celle de l'atelier 4 qui a eu lieu ce lundi).

Pour rappel, il s'agit de l'atelier de communication non violente (CNV) à l'usage des parents de Jessica CuvelierCes notes ne remplacent ni l'atelier, ni la lecture de d'ouvrages sur la CNV, comme "Parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent" de Faber et Mazlish, dont est inspiré l'atelier. 

Parallèlement aux ateliers je suis en train de lire J'ai tout essayé d'Isabelle Filliozat, qui est un must-have, must-offer, une mine d'outils simples claires, efficaces, bien illustré par Anouk Dubois, et classés par âge, avec un éclairage scientifique (neurologique surtout) très intéressant. Il existe en poche aux éditions Marabout.

L'enfant a besoin de limites et de repères.


Le parent est comme un guide de montagne: si vous vous approchez d'un précipice sans vous en rendre compte, le guide vous tirera le bras en arrière et vous sauvera ainsi la vie, peut importe ses sentiments pour vous, son geste peut paraître brutal, mais il y a des règles de sécurité et des limites (propres à chacun) qui sont non négociables.

Souvent les "parents conscients" ont peur de la colère de leur enfant. Or, en déposant le fardeau de l'éducation que nous avons reçu, il ne faut pas déposer avec notre responsabilité parentale. Le leurre c'est d'espérer être aimer tout le temps, ou vouloir éviter à l'enfant l'expérience de la frustration.

Le parent est donc un guide. Son rôle: prendre les décisions que l'enfant ne peut pas prendre car il est soit trop jeune, soit parce que le poids est trop lourd à porter pour lui. 

Par exemple: traverser la route en courant à 18 mois, décider si ses parents doivent rester ensemble... ou si papa doit reprendre une activité professionnelle au lieu de s'occuper de lui/eux à temps-plein.

Bref, on peut prendre l'avis de l'enfant en considération mais pour certaines limites fixées ensemble (en famille, même avec un tout-petit) on ne négocie pas!

Attention, avoir des limites ce n'est pas avoir des principes. Chacun peut s'interroger sur ce qu'il applique juste parce que c'est ce qu'on lui a appris ou ce qu'il pense que l'on attend de lui.

Parfois, nos peurs nous font poser des limites non fondées.

Dire alors à l'enfant: "j'ai peur  que..." plutôt que "attention!" (ahem... je n'y suis pas encore...)

RQ: Les émotions (peur, colère, joie, tristesse) sont différentes des sentiments. Tant qu'on se bat contre elles reviennent. Il vaut donc mieux apprendre à les accepter. Quand on est englué dans une émotion, on transmet l'énergie de cette émotion à l'enfant (et aux autres).

Comment résoudre un conflit / une crise? 


Note personnelle: dans notre groupe personne ne punit son enfant donc la discussion ne portait pas tellement sur "remplacer la punition" mais plutôt trouver les outils pour éviter de se mettre en colère inutilement. Et la colère, ça concerne tout le monde!

Pour utiliser ces outils il faut s'adapter à l'âge de l'enfant et, en public, se moquer du regard/jugement des autres et s'affranchir de "ce-que-l'on-pense-que-l'on-attend-de-nous".

  • Indiquer à l'enfant une façon de se rendre utile. Par exemple: au magasin, lui proposer de choisir des carottes, un dessert pour la famille, etc.  (voir susciter la coopération = atelier 4)
  • Exprimer fortement son désaccord ou ses sentiments (sans attaquer la personnalité de l'enfant). Par exemple: je n'aime pas que, j'ai peur que... je suis furieux quand...
  • Formuler ses attentes. "Je m'attends à ce que..."
  • Lui donner un choix. Par exemple: "ici on ne cours pas (= rappel de la règle). Tu as le choix: marcher ou t'asseoir dans le chariot"
  • Montrer à l'enfant comment redresser la situation. Ex: comment réparer un objet
  • Si l'enfant recommence, passer à l'action. Ex: l'enfant continue à courir dans le magasin: "je vois que tu as fait ton choix" et on l'assoit dans le chariot, ou s'il y a encore de la casse: mettez vos affaires personnelles en sécurité et expliquer pourquoi vous ne les prêtez plus.
  • Ensuite au calme: laisser l'enfant subir les conséquences de son comportent. Par exemple: ne pas l'amener au magasin la fois suivante en expliquant posément pourquoi (toujours sans attaque personnelle). 

Il doit y avoir des conséquences pour un enfant qui se conduit mal. 


Haim Ginott (i.e. le mentor de Faber et Mazlish) dit que "dans une relation bienveillante il n'y a pas de place pour la punition." Mettons-nous à la place de l'enfant: recevoir une punition c'est comme recevoir une amende, payer notre dette nous dédouane mais ne change pas pour autant notre comportement. Peut-être que nous allons nous réduire notre vitesse à l'endroit où le radar nous a surpris, la prochaine fois que nous passerons devant, mais pas forcément ailleurs ou tout le temps. De plus, la punition est une distraction par rapport à ce qui s'est passé. L'enfant qui doit réparer ce qu'il a causé ce dit pendant qu'il le fait "C'est ennuyant de frotter les outils de Papa parce que je les ai laissé dehors sous la pluie" et pas "C'est ennuyant de frotter les outils, Papa est méchant"

En cas de ras-le bol: 


Etre de sûr(e) de soi et poser ses limites. Pratiquer l'écoute des sentiments et exprimer les siens: "J'ai besoin d'être respecté(e)", "Qu'est-ce que ca fait quand...", etc. puis dire "Stop maintenant" de manière posée, sans énervement. 


Mais si ça continue, que faire? C'est qu'il faut passer à la "résolution de conflit".

Résoudre un problème persistant avec l'outil de "résolution de conflit"

  • Trouver un moment opportun, en dehors de la crise, quand tout le monde est calme et disposé à parler. 
  • Parler des sentiments et des besoins de l'enfant: celui-ci va déposer ses plaintes & griefs, s'il se sent en confiance et écouté sans jugement (cf. l'écoute des sentiments)
  • Parler de mes propres sentiments et besoins: "Le souci c'est que..."
  • Faire ensemble un "brainstorming" de toutes les solutions possibles : écrire toutes les idées sans exceptions puis décider ensemble de celles que l'on garde. Attention, ce n'est pas un combat!  Ne pas barrer une idée sans l'accord de l'enfant. Les idées les plus innovantes qui peuvent fonctionner sont souvent émises par les enfants. Si l'enfant n'a pas d'idées, nourrir son imagination en notant les nôtres. Puis lui demander de faire choix, toujours dans le but de trouver comment réparer ou affronter les conséquences de son comportement.
Quand cet outil de résolution de problème ne fonctionne pas, c'est souvent la faute des parents! 

Les parents acceptent souvent des choses qu'ils ne peuvent pas faire et ne respectent pas leurs engagements. Dans ce cas, il faut se réunir à nouveau (au bout d'une semaine, un mois, 3 jours...), faire le point et retrouver de nouvelles solutions. 

Les enfants sont très attentifs car ils font partie du processus de décision. S'il ne sont plus d'accord avec une règle, il faut en discuter au calme et pas à un moment de crise (trop facile d'annuler la règle lors de son application!): "On pourra en rediscuter mais pas maintenant".

Idées:

  • En groupe, utiliser un bâton de parole et veiller à ce que chacun respecte les idées des autres.
  • Pour les plus petits on peut mettre en place cet outil avec des images parmi lesquels l'enfant peut choisir ce qui lui convient et définir ainsi ensemble les règles de la maison.

RQ: Le parent peut régler la vie quotidienne par une meilleure communication mais il ne peut pas tout régler. Parfois il faut une aide extérieure. Parfois l'enfant peut aussi être en souffrance physique ou psychologique sans qu'on puisse le décoder, 




La résolution de conflit doit avoir lieu "à froid" et pour un problème répétitif. 

Au moment de la crise il est préférable de:
  • reconnaître les sentiments
  • rappeler la règle 
  • rappeler les conséquences du non-respect de la règle: attention, ce n'est pas une punition mais l'application d'un compromis défini ensemble.
Souvent, il est bon que la crise soit vécue (tout en en utilisant l'écoute des sentiments et les outils ci-dessus).

Un objet de substitution peut aider à décharger la colère, comme une poupée, un coussin, un bâton, qui est ce rôle là.

Si l'on veut désamorcer la crise, on peut :
  • donner un choix
  • parler de ses émotions
  • utiliser l'humour ou la parade "faire semblant" (difficile à expliquer par écrit, mais par exemple, un enfant ne peut pas mordre mais il peut "faire semblant de mordre").

Quand on est bien ancré (centré, bien dans ses baskets), l'enfant ne trouve pas de résonance à sa colère / frustration en nous. La crise se désamorce donc d'elle même facilement. 


Encore une fois, il est important de prendre nos responsabilités de parents et prendre des décisions bonnes pour l'équilibre de la famille et de chacun (y compris le nôtre). L'enfant ne peut pas porter la responsabilité de certaines décision, ex: arrêter l'allaitement pour un bambin, ou encore aller au foot à 5 km de son lieu d'habitation à 5 ans (à 16 ans why not)


Remarque: 

Compter jusqu'à trois engendre souvent une situation de chantage et l'opportunité pour l'enfant de tester les limites. A la place, on peut utiliser le temps réel avec une horloge, un sablier, un compte-à-rebours (sur le téléphone, le four...) "tu as 5 minutes pour te décider...", "dans 5 minutes on s'en va"

Bon, bien sûr ce n'est pas un outil à utiliser à chaque fois! Tous les outils doivent être utilisés avec parcimonie et bon sens.

2 commentaires:

Larissa a dit…

Merci pour ces compte-rendus clairs et très informatifs! J'ai le Filliozat, mais je n'avais pas dépassé les premières pages (la faute au temps...). Voilà une belle motivation pour le reprendre en main, et mieux gérer les conflits assez présents ces temps-ci.

Julie a dit…

Merci pour ce blog qui a le mérite de susciter la réflexion, même si personnellement je ne suis pas d'accord avec tout. Keep up the good work!

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